Ancien arsenal: sous la cour, les futures archives

  • A Plainpalais, le chantier du futur hôtel des archives bat son plein.
  • Au sous-sol seront conservées des dizaines de kilomètres de documents, dont le plus vieux date de 912.
  • Le futur bâtiment devrait être livré fin 2024. Visite en avant-première.

  • Le sous-sol de la cour de l’ancien arsenal (à gauche) abritera les archives cantonales. En surface, une centaine d’arbres sera plantée.

    Le sous-sol de la cour de l’ancien arsenal (à gauche) abritera les archives cantonales. En surface, une centaine d’arbres sera plantée.

  • STÉPHANE CHOLLET

  • STÉPHANE CHOLLET

«Le dépôt sera complètement étanche, même si la plaine de Plainpalais se retrouvait sous un mètre d’eau»

Xavier Chéron, chef de projet

C’est dans la cour, sous nos pieds, que se situera l’écrin. «Sur deux niveaux de sous-sol, s’étendront 5000 m2 qui abriteront les archives cantonales», précise Pierre Flückiger, archiviste d’Etat. De quoi stocker 50 km linéaires d’archives. «Aujourd’hui, on atteint déjà près de 30 km couvrant mille ans d’histoire. On a calculé pour les trente prochaines années, sachant que la quantité de papiers va diminuer grâce à la numérisation.» Tel est donc le projet du futur hôtel des archives qui se situera au bord de l’Arve, dans les anciennes casernes de Plainpalais.

Regroupement

Et que l’homme et ses équipes attendent avec impatience. «Les bâtiments actuels au nombre de sept ne répondent pas aux normes feu et eau, poursuit Pierre Flückiger. De plus, on dépense beaucoup d’énergie pour tenter de réguler la température», élément à surveiller de près pour assurer une bonne conservation.

D’où l’urgence. «Grâce à ce projet, on est rassuré sur l’avenir de ces documents, souligne son adjointe, Anouk Dunant Gonzenbach. Et on va enfin pouvoir tous les réunir au même endroit, qui plus est au centre-ville, l’idéal pour les chercheurs et les universitaires.»

Béton injecté sous pression

Certes, le déménagement n’est pas pour tout de suite. Le chantier a commencé début décembre 2020 par la suppression de l’amiante et du plomb dans ce qu’on appelle l’arsenal, construit en 1875-1876 et aujourd’hui classé. En cette fin du mois de mai, c’est au tour d’étranges machines d’entrer en action. «On attaque le jetting dans le bâtiment principal», précise Xavier Chéron, chef de projet pour le compte de l’Office cantonal des bâtiments. Cette étape consiste à injecter sous pression du béton pour stabiliser le terrain afin ensuite de créer les escaliers qui permettront d’accéder aux sous-sols.

Triple couche de protection

Là, sera gardé le trésor du lieu: les archives à proprement parler, dont l’acte de réunion de la République de Genève à la Confédération suisse en 1815, mais aussi la donation de la comtesse Eldegarde, le plus ancien document datant de 912.

Cédric Ilegems, chef de projet pour le bureau Pont 12, explique: «Il y aura trois couches autour de ce futur local souterrain: une paroi moulée qui entourera une cuve en béton étanche ainsi qu’une membrane d’étanchéité.» Le tout reposant sous 1,70 mètre de terre, une solution plus écologique, plus économique et plus stable permettant de garantir une température idéale, ni trop humide, ni trop sèche. Autant de caractéristiques techniques élaborées par des experts de la conservation des biens culturels tels qu’Andrea Giovannini.

De plus, pour éviter tout risque d’inondation, notamment en raison de la proximité de l’Arve, là encore, rien n’a été laissé au hasard. «Toutes les entrées se situent un mètre au-dessus du niveau de la crue tricentenaire», insiste Cédric Ilegems. «On sait rendre le dépôt complètement étanche et ce même si la plaine de Plainpalais se retrouvait sous un mètre d’eau», renchérit Xavier Chéron. Un système validé par la Confédération qui a du coup accordé une subvention (lire encadré).

Deux ans d’emménagement

Au-dessus de ce bunker, dans l’ancienne cour de l’arsenal, s’étendra un bois d’une centaine d’arbres. Dans les bâtiments qui longent la cour, on trouvera un atelier de restauration et de numérisation, une salle de conférences, une autre de lecture, mais aussi la Compagnie 1602, qui pourra stocker ses nombreux costumes dans les combles.

La livraison de l’ensemble est prévue en 2024, dont un an pour le séchage de la cuve en béton. L’emménagement s’étendra sur deux ans.

Un projet à plus de 60 millions

• Le crédit d’investissement de 62,25 millions de francs a été voté par le Grand Conseil le 12 mai 2020.

• La Fondation Wilsdorf soutient cette construction à hauteur de 25 millions de francs.

• L’Office fédéral de la protection de la population (OFPP), section protection des biens culturels, apporte une subvention fédérale de 3,3 millions de francs.