Après le chaos, la Revue est de retour

  • Le spectacle satirique prépare son come-back après une interruption due au Covid et des démêlés financiers.
  • Avec Frédéric Hohl comme producteur, une nouvelle équipe reprend les rênes pour les éditions 2021 et 2022.
  • Le Casino-Théâtre, lui, a connu quelques travaux avant un projet de rénovation dépassant les 15 millions de francs.

  • Les acteurs, chanteurs et danseurs répètent inlassablement sur la scène du Casino-Théâtre.

    Les acteurs, chanteurs et danseurs répètent inlassablement sur la scène du Casino-Théâtre. La première aura lieu le 14 octobre. STÉPHANE CHOLLET

  • STÉPHANE CHOLLET

  • Les couturières travaillent sans relâche. STÉPHANE CHOLLET

«On a hâte de retrouver le public»

Capucine Lhemanne, actrices phare du show

«Malgré le chaos et deux ans de travaux, la Revue a fait fi des problèmes et retrouve sa scène», entonne le comédien Raphaël Vachoux. Les quelques mots de cette chanson de la Revue version 2021 résument à eux seuls la situation. Sur la scène du Casino-Théâtre, acteurs, chanteurs et danseurs répètent inlassablement en attendant la première qui aura lieu le 14 octobre.

Dans la salle mythique aux fauteuils rouges vieillissants (lire ci-dessous), la chorégraphe Ména Avolio scrute chaque mouvement et distille les consignes. Objectif: être fin prêts pour le jour J. «On a hâte de retrouver le public», lance l’une des actrices phare du show, Capucine Lhemanne, entre deux pas de bourrés et pas chassés.

Le spectacle satirique prépare son grand retour après une année compliquée. En cause: la crise sanitaire certes, mais aussi les déboires financiers de la précédente équipe dirigeante. Pour rappel, un audit rendu public le 8 décembre 2020 a entraîné l’éviction des coproducteurs Anthony Mettler et Laurent Nicolet. «Pour nous, c’est un dossier clos», insiste le conseiller administratif chargé de la Culture, Sami Kanaan.

Un budget de 2,2 millions

Suite à une mise au concours, les «petits nouveaux» ont pris le relais. «On a choisi une équipe expérimentée, poursuit le magistrat. Car la Revue est un exercice complexe» et une énorme machine à manœuvrer. Chaque année, durant les trois mois que dure le spectacle, ce sont près de 30’000 spectateurs en moyenne qui y assistent. Et jusqu’à 37’000 en 2017. Quant au budget, il atteint 2,2 millions de francs, dont 335’100 de subventions de la Ville.

Choisie pour les deux éditions à venir (2021 et 2022), la nouvelle équipe doit désormais faire ses preuves. Elle s’apprête à relever le défi avec enthousiasme mais aussi un peu de pression. «Je préfère reprendre la suite d’un spectacle qui cartonne, c’est plus facile, précise le nouveau producteur Frédéric Hohl. Là, les gens vont attendre les quinze premiers jours pour prendre leur billet. Il faut faire rire dès le début pour que le bouche-à-oreille fonctionne. Le seul juge, c’est le public.»

La relève en action

Pour atteindre cet objectif, l’écriture du show a été confiée, sous la direction de Thierry Meury, à des pointures telles que Laurent Deshusses et Claude Inga-Barbey. Mais aussi à des plumes plus fraîches. «On mise sur la relève», stipule Frédéric Hohl. Capucine Lhemanne, 32 ans, fait ainsi partie des auteurs. «C’est une belle reconnaissance», commente la jeune femme qui a déjà neuf spectacles satiriques à son actif. «J’ai fait ma première Revue il y a dix ans. Je suis ravie de retrouver le Casino-Théâtre. Je connais ce lieu par cœur. Ici, je suis à la maison.»

Une maison dont les piliers ont fortement tremblé. Pas question toutefois de ressasser les turpitudes du passé. «Il n’y a ni regret, ni amertume, précise la trentenaire. J’ai aimé travailler avec l’équipe précédente. Désormais, place à la nouvelle! Ça fait du bien de reprendre un aussi gros spectacle, avec autant de monde. On crée une nouvelle famille», lâche-t-elle avant de retourner sur scène.

Un projet de rénovation à 15 millions de francs

Quinze millions de francs. Selon nos informations, c’est ce que devrait coûter la rénovation du Casino-Théâtre, situé rue de Carouge, au 42. Sami Kanaan, magistrat chargé de la Culture, confirme l’ordre de grandeur. «Au début, il n’était question que de refaire la machinerie. Mais, en se penchant de plus près sur le bâtiment, les spécialistes ont découvert que cette salle était faite de bric et de broc et avait besoin de sérieux travaux.» Résultat: au premier crédit d’étude de 744’900 francs voté en mai 2018 est venu s’ajouter un second d’un montant de 668’000 francs adopté par le Conseil municipal lors de la plénière du 7 et 8 septembre.

Délicat équilibre

D’ores et déjà, les poutres ont été renforcées, à titre provisoire. «Afin que le toit soit suffisamment solide et tienne la charge», commente Jean Burger, le responsable du Casino-Théâtre. «Il faut revoir la machinerie. Mais aussi incliner la salle pour offrir une meilleure visibilité sur la scène aux spectateurs et changer les fauteuils qui sont particulièrement vétustes.»

Restera à trouver l’équilibre entre rénovation et respect du patrimoine.

«Il devrait y en avoir pour un peu plus d’un an de travaux. Cela devrait donc impacter deux éditions de la Revue. Il faudra anticiper et évaluer les solutions de rechange», conclut Sami Kanaan. MP

Cent costumes sur mesure

Dans l’atelier de couture, au premier étage du Casino-Théâtre, on s’active. Depuis le 23 août, une douzaine de couturières et couturiers œuvrent sans relâche. «C’est une course de fond et un sprint à la fois», précise Valentine tout en gardant l’œil rivé sur sa machine à coudre. Et sa collègue Gloria d’ajouter: «Il faut gérer le stress et tenir les délais.»

De son côté, Ljubica travaille sur l’un des costumes du final. Les paillettes et les plumes sont légion! Pour cette édition, pas moins de 100 costumes sur mesure vont être spécifiquement créés. Sans compter tous ceux des années précédentes qui seront réutilisés. «Les changements sont hyper-rapides, indique Laurence. Il faut donc des costumes solides, faciles à mettre comme à retirer.» Heureusement, les couturières ne sont pas du genre à se défiler!