Bébé secoué: un à deux cas par an à Genève

MOT-CLé • Chapeau Chapeau

  • 123RF

    123RF

DRAME • Lundi 23 et mardi 24 janvier, une garde d’enfant, âgée de 39 ans, comparaît devant le Tribunal correctionnel à Genève. Il lui est reproché d’avoir violemment secoué une enfant de moins d’un an, entraînant sa mort. C’était en 2018. Bien que «le syndrome du bébé secoué» soit désormais connu, les drames continuent.

Selon les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), Genève enregistre 1 à 2 cas par an. «Il y en a eu un en 2022, précise la Dre Judith Mühlstein-Barasche, pédiatre à la consultation Groupe de protection de l’enfance des HUG. Ce chiffre est très stable. On n’a pas constaté d’effet en lien avec la crise sanitaire.»

Qu’est-ce que ce syndrome? «Il s’agit d’un traumatisme crânien infligé par un secouement violent. Ce secouement entraîne des mouvements rapides et répétés de la tête de l’avant en arrière, qui ne peut pas être suffisamment stabilisée par la musculature d’un bébé.»

Selon cette spécialiste, 64% des bébés auront des séquelles, dont 50% des séquelles graves. En Suisse, la mortalité est de 16%. «Les manifestations cliniques peuvent être très variées; il existe des formes aiguës pouvant aller du trouble respiratoire à des convulsions, un état de conscience altéré, une hypotonie, ou encore au décès. Il existe également des formes plus chroniques qui peuvent se manifester par une irritabilité ou des vomissements.»

Comment expliquer que des parents ou des nounous en arrivent à «secouer» le bébé? «La plupart des auteurs ne veulent pas nuire à l’enfant. Ils perdent le contrôle de leur action, dans le contexte de pleurs très prolongés, afin que l’enfant cesse de pleurer», répond Judith Mühlstein-Barasche. Afin de sensibiliser les parents, les pédiatres les informent et apportent des solutions lorsqu’on se sent «dépassé» par de tels pleurs. «L'une des possibilités est de laisser un enfant pleurer dans un lieu sécurisé et de s’isoler ou encore demander de l’aide», souligne-t-elle. A noter que les médecins sont eux-mêmes sensibilisés durant leurs études à l’occasion de cours obligatoires.