Commerce local: «ces dernières semaines sont très calmes»

CONSOMMATION • Après une période de faible fréquentation et à l’approche du Black Friday, les commerçants appellent les Genevois à consommer dans leurs boutiques plutôt que sur Internet.

  • Dans les commerces des Rues-Basses, les dernières semaines ont été particulièrement calmes. MP

    Dans les commerces des Rues-Basses, les dernières semaines ont été particulièrement calmes. MP

«C’est le désert et cela depuis plusieurs semaines… Je n’en peux plus d’entendre mes vendeuses me dire que c’est calme!» Installé dans les Rues-Basses, ce commerçant peine à cacher son mécontentement. En cause: une très faible fréquentation surtout depuis début novembre.

A quelques pas de là, la gérante d’un magasin de vêtements confirme: «Calme, c’est le mot! Heureusement pour nous, on a une clientèle fidèle et comme nous faisons dans le haut de gamme, on maintient notre chiffre d’affaires.»

Dans les ruelles adjacentes, le constat est le même. «Entre les coûts de l’électricité, la guerre, l’inflation, la hausse des primes d’assurance maladie, les gens regardent plus à la dépense. Il y a beaucoup moins d’achats sur un coup de tête, souligne la responsable d’une troisième boutique. Les clients viennent faire du repérage et attendent les promotions, les soldes et le Black Friday.»

Cette opération commerciale se tient vendredi 25 novembre. Si certains commerces genevois profitent de l’événement pour baisser leurs prix, la plupart redoutent que la clientèle privilégie les offres sur Internet. Une crainte que partage Flore Teysseire, secrétaire patronale de Genève commerces, l’association pour le commerce de détail. «D’autant plus que la gauche a par exemple déposé une motion pour que le canton devienne une zone hors Black Friday... Le problème, c’est que les gens ne vont pas arrêter de faire des achats, ils vont juste consommer ailleurs: via les sites Internet ou en France voisine, surtout avec la parité franc/euro. Les perdants seront les commerçants genevois!»

Si, selon Genève commerces, il est encore trop tôt pour tirer un bilan du mois de novembre, plusieurs membres soulignent d’ores et déjà que «la perte des dimanches ouverts en décembre (suite à la votation du 28 novembre 2021) se fera cruellement ressentir. En effet, ces ouvertures spéciales ne permettaient pas un lissage du chiffre d’affaires mais constituaient un apport supplémentaire».

«Ici, on peut essayer avant d’acheter»

Pour contrer l’éventuelle fuite de la clientèle, notamment vers Internet, les commerçants misent sur le conseil et sur la vente d’objets de niche. «Ici, on peut essayer avant d’acheter», signale la responsable d’une boutique de vêtements. «Le cigare est fragile et supporte mal le transport», ajoute un vendeur d’une enseigne spécialisée dans ce produit de luxe. Tandis qu’un troisième met en avant le vaste choix d’affiches, bijoux ou boissons, tous made in Geneva.

«Consommer dans les commerces de son quartier ou de sa ville est un acte citoyen, argumente notre premier interlocuteur. Si les Genevois ne font pas vivre le commerce local, un jour, la ville sera déserte et ils se plaindront du manque d’animation.» Et Flore Teysseire de renchérir: «Si l’on veut éviter les arcades vides qui endeuillent la ville, il faut que la population et les autorités soutiennent leurs commerçants.»

Pour tenter de booster la fréquentation, traditionnellement plus faible en novembre, les actions se multiplient. Tantôt avec le soutien de l’Etat à l’image de la série Cekelenô, composée de micros-trottoirs réalisés par des humoristes. Tantôt avec la Ville de Genève comme ce fut le cas pour la chasse aux aigles, du 1er au 15 novembre. A noter qu’une nouvelle campagne se prépare pour le mois de décembre...

Reste que les habitudes de consommation ont changé. «Depuis le Covid, il n’y a plus de règle. Parfois, on fait une grosse journée le mardi et au contraire, il y a peu de monde en fin de semaine», explique l’une des commerçantes interrogées. Une chose est sûre: la journée de shopping du samedi, en famille, n’est plus dans l’ère du temps.

Pas de sacrifice sur les jouets

Quant aux achats de Noël, ils s’effectuent de plus en plus à la dernière minute. «La météo joue aussi un rôle, commente le patron d’une boutique de cadeaux. Comme il ne fait pas froid, on vend peu de pulls, bonnets et écharpes.»

En revanche, une branche semble peu, voire pas impactée: les jouets. «Le budget moyen pour Noël reste assez équivalent d’une année à l’autre. Il n’y a pas de sacrifice sur ce point, précise Jerôme Vincens, gérant du Franz Karl Weber. Faire plaisir aux enfants à Noël reste une priorité.»