Conditions de travail à Curabilis: «La situation est explosive»

 Un député dénonce des tensions exacerbées dans les rangs des agents de détention de la prison-hôpital de Puplinge. En cause? Des horaires à rallonge depuis mai. L’Etat calme le jeu. Explications.

  • Derrière les grilles de la prison, la colère gronde. STÉPHANE CHOLLET

  • Le député UDC Christo Ivanov. STÉPHANE CHOLLET

«Les conditions de travail des agents de détention de l’établissement fermé Curabilis sont inhumaines, indécentes et irresponsables. Totalement détachées des réalités du terrain», dénonce le député UDC Christo Ivanov, dans une question écrite urgente qu’il vient de déposer au Grand Conseil.

But de son texte? Revoir en profondeur les horaires à rallonge des matons qui œuvrent à la prison-hôpital de Puplinge. «Depuis le 1er mai, les agents alignent parfois trois journées d’affilée à 14 heures par jour. C’était notamment le cas lors du week-end de Pentecôte. Cela dépasse l’entendement. La situation est devenue explosive. Dans un milieu pénitentiaire qui s’occupe de détenus souffrant notamment de graves troubles psychiatriques, de telles conditions de travail multiplient les risques d’erreurs et d’incidents, exacerbent les tensions et mettent sérieusement en danger non seulement la sécurité de tous mais aussi la santé de collaborateurs déjà sous forte pression.»

Politique du fait accompli

Une inquiétude partagée par les syndicats. «Etre de garde à une telle cadence le samedi, dimanche et lundi rend, de toute évidence, toute vie privée ou charge familiale impossible. C’est d’ailleurs à Curabilis que le taux d’absentéisme est l’un des plus élevés parmi les agents de détention», pointe Marc Baudat, président de l’Union du personnel du corps de police (UPCP). Avant de conclure: «Notre syndicat n’a pas été consulté. Il a été mis devant le fait accompli.»

Projet pilote à évaluer

«Telle que la situation est présentée dans la question parlementaire, cela peut interpeller. Néanmoins, il s’agit d’un projet pilote qui doit être évalué, et qui présente d’importants avantages», nuance de son côté Mauro Poggia, conseiller d’Etat en charge du Département de la sécurité, de la population et de la santé. Avant de préciser: «Pour les collaborateurs d’abord, dont certains se sont réjouis, car les temps de récupération sont augmentés d’autant, favorisant les activités familiales et de loisirs. Pour le service ensuite, car compte tenu du taux d’absences au sein du secteur carcéral qui est parmi les plus élevés de l’administration, ce qui a justifié une enquête dont les conclusions sont attendues, ces horaires permettent de réduire le rappel en service de collaborateurs en congé pour remplacement.»

Impasse

A bien écouter les positions contradictoires des uns et des autres, on comprend vite qu’Etat, syndicats et une partie du personnel de Curabilis sont, pour l’heure, dans une profonde impasse. Hasard du calendrier, un rendez-vous entre Mauro Poggia et les syndicats est prévu cette fin de semaine. L’occasion de mettre à l’ordre du jour tous ces problèmes d’organisation et d’horaires. Et de tenter de renouer le fil rompu de la confiance entre les agents de détention de Curabilis et leur hiérarchie.