Digne dans la défaite, elle!

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C’est un moment très difficile. Ne pas être réélu, c’est prendre une gifle face caméra. Une sorte de licenciement prononcé sur la place publique. Arrivée au Conseil d’Etat le 28 mars 2021, Fabienne Fischer en est éjectée. Battue par sa colistière socialiste Carole-Anne Kast et par Pierre Maudet à qui elle avait ravi la place, il y a deux ans.

On peine à imaginer l’intensité d’un tel camouflet. Quoi qu’on pense de la politique de la Verte, il faut reconnaître qu’elle a eu le courage de se présenter rue de l’Hôtel-de-Ville, dimanche 30 avril. Avec dignité, elle a marché aux côtés de ses trois colistiers élus. Affrontant la foule et les médias. Rien que pour ça: chapeau! Certains diront que c’est le jeu et qu’il faut bien faire bonne figure. Certes. Mais, cela ne rend pas l’exercice plus aisé.

A chaque élection ou presque, depuis le début des années 2000, un conseiller d’Etat sortant subit cette humiliation et prend son courage à deux mains pour arpenter cette rue... On se souvient de Luc Barthassat en 2018; de Michèle Künzler au premier tour en 2013, suivie d’Isabel Rochat au second. Mais aussi de Micheline Spoerri en 2005 et de Gérard Ramseyer en 2001. Son nom venant s’ajouter à cette liste, Fabienne Fischer a donc eu le courage, comme d’autres avant elle, d’assumer publiquement sa défaite. Avec dignité. Parce que, lorsque l’on fait de la politique, on sait que cela peut arriver et que le peuple a toujours le dernier mot.

Ou du moins, on est censé le savoir. Car, dans l’entourage de la Verte déchue, tout le monde n’a pas pris la nouvelle avec autant de philosophie qu’elle. Son compagnon, l’ex-député vert Jean Rossiaud voit rouge. Incriminant la presse, il va jusqu’à insulter une consœur. La scène, violente, se déroule en public et laisse plusieurs témoins abasourdis. Il y a de quoi: une attitude peu reluisante voire inadmissible.