Fait divers: le «pervers de Gland» aura brisé au moins trois vies

SORDIDE • Cet été, nous revenons chaque semaine sur un fait divers qui a secoué la région. L’affaire du pervers de Gland témoigne des insondables ravages de la pédocriminalité.

C’est une affaire sordide à vomir qui avait écœuré jusqu’aux chroniqueurs judiciaires les plus blindés lors du procès qui s’était déroulé en présence de nombreux médias fin 2013 à Nyon. Sur le banc des accusés prenait ses aises un ancien gestionnaire de fortune, tombé dans une semi-marginalité depuis une quinzaine d’années.

Ce Genevois de 63 ans à l’époque était jugé pour avoir violé une fillette de 11 ans en avril 2011 dans un quartier résidentiel de Gland. Se faisant passer pour un technicien, le pervers avait demandé à la petite de le conduire dans la buanderie de son immeuble. Là, il l’avait menacée de mort avec son couteau, l’avait attachée avec des câbles électriques, puis violée.

Un viol prémédité de longue date

Le criminel avait pris bien soin pour cela de maquiller les plaques de sa voiture. Il n’avait été arrêté qu’après un an et demi d’enquête grâce à un portrait-robot pourtant peu ressemblant et à un peu de chance. Une maman l’ayant surpris en train de rôder autour d’enfants à la piscine du Grand-Lancy, avait en effet réussi à le prendre en photo et était allée le dénoncer. Avant cela, les policiers avaient arrêté à tort un autre pédophile et en avaient auditionné plusieurs autres. L’un d’entre eux s’était même suicidé suite à sa convocation.

L’homme avait prémédité son acte. Les enquêteurs avaient en effet retrouvé dans son carnet une inscription datant de mai 2010 indiquant «Projet Gland» et suivi de l’adresse du domicile de sa future victime. De plus, l’homme se baladait en permanence avec une trousse contenant une caméra, des cartes de visite lui permettant de se faire passer pour un médecin ou un technicien, un vibromasseur et du lubrifiant.

Sa fille s’était suicidée

Celui que la presse avait surnommé «le pervers de Gland» n’en était malheureusement pas à son coup d’essai. Au début des années 1990, il avait été accusé d’attouchements sexuels par sa propre fille. Cette dernière avait fini par se suicider en se jetant du haut d’une montagne. Avant de sombrer dans la perversion, le Genevois donnait pourtant plutôt l’image d’un séducteur porté sur les jeunettes mais majeures. La Justice lui reprochait également d’avoir violé plusieurs années durant la fille de ses voisins, âgée de 7 ans au moment des faits. L’homme avait même au moins une fois abusé de cette fillette en présence d’un de ses deux jeunes fils! Lequel jouait à la Gameboy allongé sur le même lit. Pour parvenir à ses fins, le pervers disait à l’enfant être médecin et devoir l’examiner.

Digne d’Hannibal Lecter

«Ce type m’a fait penser à Hannibal Lecter. C’est un prédateur calculateur et sans scrupule», avait expliqué un professionnel ayant longuement côtoyé le pervers après son arrestation. Lors de son procès, le sexagénaire s’était montré particulièrement ignoble. Il avait notamment mis en avant la leucémie dont il était déjà atteint lors de ses actes pour expliquer qu’il ne pouvait pas avoir d’érection et que les viols n’avaient donc pas pu avoir lieu.

Plus de 300 fichiers pédopornographiques avaient été retrouvés sur son ordinateur lors de l’enquête et, pour diminuer sa responsabilité, il avait affirmé que l’émergence d’Internet avait boosté ses pulsions malsaines. L’expertise psychiatrique avait confirmé qu’il était pédophile et pleinement responsable de ses actes. Il avait été condamné à 9 ans de prison, une peine assortie d’une mesure d’internement. En 2020, l’homme avait tout de même tenté de réclamer une libération conditionnelle, laquelle avait été rejetée. A cette occasion, il avait expliqué avoir trouvé la foi en prison. Le «pervers de Gland» est mort derrière les barreaux.