«Genève est une zone de tensions entre Bandidos et Hells Angels»

  • Dimanche, les traces de cet événement étaient encore visibles. MP

FUSILLADE À PLAINPALAIS •Dans la nuit de samedi à dimanche, des coups de feu ont été tirés dans un bar de la rue de l’Ecole-de-Médecine, à Plainpalais. Selon les premiers éléments, il s’agirait d’une bagarre entre deux groupes de motards, les Hells Angels et les Bandidos. Alain Jourdan, directeur de l’Observatoire géostratégique de Genève a enquêté comme journaliste sur ces groupuscules, il livre son analyse.

GHI: Une fusillade au cœur de Genève, c’est surprenant non?
Alain Jourdan: Ce n’est pas si étonnant notamment vu le contexte international. Après une période d’accalmie, les groupes de bikers font à nouveau parler d’eux dans le nord de l’Europe. On constate une hausse de leurs activités.

– De quels types d’activités parle-t-on? Trafic de drogue, d’armes, prostitution ou encore blanchiment d’argent. Même si tous les passionnés de Harley Davidson ne sont pas des gangsters!

– La fusillade de Plainpalais pourrait être liée à une affaire criminelle de ce genre? C’est possible. Mais pas forcément, cela peut aussi simplement être dû à une rivalité de territoire. Ça peut être un conflit très basique du type: «Tu n’as pas le droit de venir avec tes couleurs (ndlr: le logo distinctif de la bande apposé sur le dos du blouson) dans mon secteur, même pour boire un coup.»

– Comment se traduisent ces histoires de territoires dans notre région? Genève est une zone de tensions entre Bandidos et Hells Angels. Ces derniers sont basés à Genève tandis que le territoire des premiers se situe en France voisine. A noter que les Bandidos d’Annemasse sont une émanation de ceux de Marseille. Ils sont arrivés dans la région en 1996.

– Y a-t-il eu des précédents? Oui. L’un des plus célèbres remonte à novembre 2002. Un homme avait été tué à Annemasse de deux balles dans la tête et une dans chaque épaule. Un symbole signifiant qu’on lui avait coupé les ailes.

– Doit-on craindre d’autres événements comme celui de samedi? C’est possible. Cela peut être un événement isolé ou le début d’une guerre entre ces deux bandes. Si c’est le cas, cela peut devenir très chaud...

– Que fait la police pour lutter contre ces bandes? Il y a un suivi à l’échelle européenne. Une cellule d’enquête les surveille et se réunit régulièrement avec les polices européennes.