Ainsi, dans le fief de la longeole et du cardon parle-t-on des Renforts de Sézegnin. Ce qui sous nos latitudes signifie: «faire appel à un soutien qui arrive trop tard». L’expression remonterait, disent les experts, à la bataille de l’Escalade. La fameuse nuit de décembre 1602 où le catholique duc de Savoie avait lancé ses troupes à l’assaut de la Genève protestante. Vaine tentative pour la fine équipe savoyarde qui a dû illico rebrousser chemin après avoir été dûment malmenée par les habitants de la Ville.
Mais, tandis que Genève se remet à peine de cette annexion avortée voilà qu’une poignée de Sézemaniens se présente à la porte de la cité. Les valeureux citoyens du hameau d’Avusy (commune alors genevoise) ont entendu dire que Genève était en péril. Ils affirment être venus prêter mains fortes aux assiégés. Soit, mais un peu tard.
La légendaire Mère Royaume, qui n’est pas femme à se laisser danser sur le ventre, a déjà copieusement arrosé les attaquants de sa soupe aux légumes. L’histoire ne dit pas si es retardataires avaient sciemment ou non raté le rendez-vous historique. La locution, elle, n’est pas passée aux oubliettes.
«Gen’voiseries, des mots en scène», d’Yves Schaefer, éditions Cabédita, 2023. Dans la même collection et du même auteur: «Vaudoiseries» (2019), «Valaisanneries» (2021) et «Fribourgeoiseries» (2022).