«Image et estime de soi sont primordiales»

SANTÉ • Dans le cadre d’Octobre rose, rencontre avec une conseillère en image pour les personnes atteintes d’un cancer.

  • Nathalie Poulet en pleine action. MP

    Nathalie Poulet en pleine action. MP

Son regard doux et son sourire invitent à la confession. Son expertise guide en douceur. Ancienne aide-soignante, Nathalie Poulet œuvre au centre Otium, qui dispose de deux antennes, l'une place des Philosophes, l’autre, à Meyrin, ouverte depuis mi-septembre. Ici passent des femmes et des hommes atteints d’un cancer. L’objectif du centre fondé par Linda Kamal: leur apporter un soutien, à travers des cours collectifs ou individuels avec différents thérapeutes. En sus du yoga, des groupes de parole et de l’art-thérapie, les bénéficiaires, dont nombre de femmes ayant un cancer du sein, peuvent consulter le «noyau esthétique», comme le surnomme Nathalie Poulet. «Il y a Amandine qui pratique la dermopigmentation et les soins de la peau; Déborah qui tient notamment l’atelier maquillage; Murielle, la prothésiste capillaire et coiffeuse énergéticienne et moi!»

Formée à Paris auprès de Cristina Cordula, la célèbre animatrice télé, notre sémillante hôte est une experte en étude de la morphologie et en colorimétrie. «Vous, ce sont les couleurs chaudes qui vous vont bien, comme le rouge», glisse-t-elle. Autant de conseils qu’elle prodigue tout en apportant une écoute bienveillante.

«Le mental a un impact sur la guérison»

Mais, a-t-on besoin de savoir quel colori ou quelle forme de jupe porter quand on se bat pour sa santé voire sa vie? «On pourrait penser que ces préoccupations sont superficielles. En réalité, l’image et l’estime de soi sont primordiales dans ces moments.» Et Nathalie Poulet d’ajouter: «Quand je travaillais en oncologie, elles étaient nombreuses à nous demander de les maquiller, de les coiffer. Mais, on n’avait pas le temps. Je me suis souvent dit: on loupe quelque chose! D’autant que l’on sait que le mental a un impact sur la guérison.» Ce sont elles que Nathalie Poulet accueille désormais à bras ouverts. Assises face au miroir, la plupart s’imaginent venir simplement pour «apprendre à se maquiller» et repartent les larmes aux yeux. «Elles arrivent en disant: je vis un ouragan. Je ne sais plus qui je suis.» L’image de soi est fortement dégradée, abîmée par la maladie et les traitements.

«On perd ses cheveux, ses sourcils, on a le teint grisé, les yeux creusés, on maigrit ou on prend du poids. C’est très difficile d’accepter le regard des autres: celui de son compagnon, de ses enfants ou des passants.» Le but de Nathalie Poulet: «Leur faire comprendre qu’elles ne sont pas que des malades. Qu’elles sont elles!» A l’image de cette bénéficiaire qui n’avait jamais pris soin d’elle avant l’annonce de son cancer. «Elle m’avait confié ces mots: «C’est seulement maintenant que je suis malade que je réalise que j’existe.» Après la discussion, les pleurs, le cours de maquillage et le choix de jolis turbans, Nathalie Poulet a un jour reçu une photo avec le commentaire «Vous ne saurez jamais à quel point vous avez changé ma vie.» Ce à quoi elle répond avec insistance: «Je n’ai rien fait, c’est vous!»