Jeunes, présidents et opposés politiquement

RENCONTRE • Kevin Schmid, PLR, 31 ans et Omar Azzabi, Vert, 36 ans. Depuis le 15 juin, ils président la section Ville de Genève de leurs partis. Premier duel au sommet!

  • Kevin Schmid et Omar Azzabi règnent sur les sections Ville de Genève du PLR et des Vert.e.s. MP

    Kevin Schmid et Omar Azzabi règnent sur les sections Ville de Genève du PLR et des Vert.e.s. MP

Au moment de prendre la pose, le Vert Omar Azzabi et le PLR Kevin Schmid hésitent… N’étant pas des pros des échecs, ils envisagent tour à tour le roi, puis le cavalier. Ce sera la dame, la pièce maîtresse. Pour les deux. Pas fous! Si l’échiquier n’est pas leur terrain de prédilection, c’est dans l’arène municipale que ces deux-là se retrouvent une à deux fois par mois. Or, ces trentenaires viennent tout juste d’être élus à la tête de la section Ville de Genève de leurs partis. C’était mercredi 15 juin. Rencontre avec deux jeunes hommes que tout oppose… ou pas.

GHI: A vos âges, vous n’avez pas mieux à faire que des caucus, des commissions, des assemblées et des plénières? Pourquoi faire de la politique? Kevin Schmid: Je suis arrivé en politique il y a un an et demi. La porte d’entrée a été le monde associatif. J’ai participé à la campagne municipale de 2020. L’envie est venue au fil des projets. La présidence, c’est la continuité.
Omar Azzabi: C’est aussi l’engagement associatif qui m’a mené là. En 2014 déjà. Puis, aux dernières élections, on a gagné 10 sièges, 14 nouveaux sont arrivés. Il fallait trouver des «figures» pour les accompagner.

– Mais, vous êtes un homme cisgenre (qui se reconnaît dans le genre qu’on lui a attribué à la naissance), ça n’est pas très tendance dans votre parti?
OA:
Les Vert.e.s n’ont rien contre les hommes cisgenres. Et puis, je suis issu d’une minorité. En tant que franco-tunisien d’origine, être à la tête de la 2e section municipale verte de Suisse est une fierté.

– C’est plus facile d’être un homme blanc cisgenre au PLR?
KS: Au PLR, on ne pratique pas la discrimination positive. Ce qui compte, ce sont les capacités, l’envie de faire!

– De faire quoi? Quels sont vos projets en tant que président?
OA:
Notre but est de faire changer les mentalités pour atteindre la justice climatique et sociale. Comment vit-on dans un environnement sain? Comment on se déplace sans faire du mal à la planète? Comment privilégie-t-on les circuits courts? Certes, les compétences de la Ville dans ces domaines sont limitées mais on doit jouer notre rôle de proximité avec la population. Un exemple: entre le boulevard du Pont-d’Arve et Cologny, la différence peut atteindre 7°. Qu’est-ce qu’on répond à la population qui vit sur ce boulevard?
KS: On leur dit: on va peindre les routes, les murs et toitures de vos immeubles en blanc, afin de limiter l’absorption de chaleur par le bitume et faire des toitures végétalisées. Mais, on ne peut pas nier l’évidence: on est dans un centre urbain. Les propositions doivent être concrètes mais tenir compte de cette réalité. Notre objectif, c’est d’allier pouvoir d’achat et qualité de vie des habitants.

– Donc vous êtes d’accord avec la fermeture des terrasses à minuit du dimanche au jeudi?
KS:
Le PLR salue la démarche de Marie Barbey-Chappuis de trouver un compromis entre une ville vivante et la quiétude des habitants. Mais après 2 ans de Covid, le timing est désastreux pour les bars et restaurants. On milite pour une fermeture à 1h le jeudi.
OA: Le bruit est un fléau. On doit parler de santé des habitants. Et agir maintenant! Tous ces changements, on aurait dû les porter il y a 20 ans. Maintenant, on n’a plus le temps.
KS: On ne nie pas les enjeux climatiques. Mais, on n’en fait pas notre seul focus politique. Pour nous, le rôle du politique c’est de donner envie, pas de multiplier les interdits.

– Y a-t-il des points sur lesquels vous êtes d’accord?
OA:
On essaie de favoriser le dialogue. C’est peut-être plus simple parce qu’on est de la même génération.
KS: Je le pense aussi. On est dans cette logique. C’est le cas par exemple avec notre motion commune sur les hubs de livraison (lire notre édition du 12 mai).

– En revanche, sur zéro pub, c’est la guerre?
KS:
C’est un cas d’école de ce qui nous sépare aujourd’hui. Comment peut-on s’asseoir sur une manne financière de 10 millions? Et pour régler un «problème», la pollution visuelle, que personne n’avait identifié avant que les Verts n’en parlent!
OA: Ce ne sont pas 10 millions mais 3,6. Il faut savoir quelle société on veut défendre. A-t-on vraiment besoin de publicité pour un week-end à Zurich en avion ou pour des avocats venant du Pérou?