Le Canadien Kid Koala accorde un soin particulier à sa pochette de disques, la transformant en œuvre d'art ou de dérision. Sorti début septembre, son album 12 bit blues, présenté en concert le vendredi 28 septembre dernier, à l'Usine, à Genève, propose une surprise cartonnée à découper dans le livret, accompagnée d'un manuel de montage façon IKEA.Comme on peut le voir sur le site Youtube, ce kit de bricolage permet de monter un gramophone en carton qui tient dans la main et qui fonctionne. Le CD contient aussi en cadeau un mini-vinyle à faire tourner sur la platine avec le doigt. Clin d'œil? Gadget amusant? Coup de pub? Sans doute un peu des deux. Mais pas seulement.
De Michael Jackson à Muse
Donné pour mort à la fin des années 90 et sauvé de la disparition par les DJ's qui, depuis, ont tous adopté le CD, le vinyle semblait condamné à agoniser longuement, témoin fossilisé et sympathique d'une époque pré-numérique. En fait, la galette noire n'a pas dit son dernier mot. Elle reprend même du poil de la bête.
Les ventes ont explosé
Sur un an, la FNAC affiche une hausse soudaine à trois chiffres des ventes de vinyles dans ses magasins en Suisse. «C'est un bond de plus de 100%, c'est réjouissant, mais il faut dire que nous partions de très bas dans un secteur qui reste marginal», tempère Olivier Réaut, directeur des produits éditoriaux de la FNAC Suisse, à Vernier.Autre signe de cette résurrection: l'enseigne française, qui ne l'a jamais supprimé ses rayons, se contentait des nouveautés dans ce domaine. Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, l'offre se diversifie. «La scène musicale indépendante est très présente, confie Olivier Réaut. Mais les bacs proposent aussi bien des albums classiques de Michael Jackson que le dernier Muse.»
Pochette émotionnelle
Comment expliquer les rééditions et le nouvel intérêt des consommateurs? «C'est un phénomène de mode, analyse Olivier Réaut. Le vinyle retrouve les faveurs d'un public dans la quarantaine qui, après avoir apprécié le CD et le MP3, revient à ses premières amours, car la pochette d'un 33 Tours est plus émotionnelle que celle d'un CD.»
Nouveau modèle économique
Mais il y a aussi une raison économique qui peut expliquer ce retour de flamme. Souvent vendus avec des fichiers numériques, ces albums duo-pack reviennent en fait moins chers qu'un CD. Pour un prix de 22 à 26 francs, le mélomane obtient une fois sur deux en moyenne un code de téléchargement pour écouter les morceaux sur iPod, téléphone mobile ou les graver sur CD. Ce qui lui évite de s'équiper d'un tourne-disque avec sortie USB pour coder un enregistrement analogique en numérique. Cette alliance inattendue de l'ancien et du moderne enterrera-t-elle le CD? Provoquera-t-elle la résurrection des disquaires? Il est trop tôt pour le dire. Le phénomène ne fait que débuter. Mais si, à l'avenir, le vinyle supplante le CD, ce serait une étrange ironie du sort et un curieux retournement de l'histoire.
Site de Kid Koala: http://kidkoala.com
Vidéo du mini gramophone en kit: voir la vidéo