Il est urgent de tuer l’indicateur PIB

  •  Fabio Bonavita

    Fabio Bonavita

CROISSANCE • Insidieusement, une révolution est en train de se préparer. Son but? Rendre obsolète le sacro-saint Produit intérieur brut (PIB). Si cela peut paraître anodin, il n’en est rien. Abandonner cet indicateur universel de la croissance ou du repli d’une économie transformera en profondeur notre perception de la production de richesses. A Genève comme ailleurs. Car, on l’oublie parfois, cet instrument qui fait la pluie et le beau temps a été créé en 1934 par l’économiste américain Simon Kuznets.

Depuis, tout a changé. Et les voix sont de plus en plus nombreuses à réclamer une évolution du PIB. En incorporant, par exemple, de nouveaux critères. Comme les brevets, les données numériques ou encore le capital humain. Sans oublier la qualité de l’environnement et les aspects sociaux. C’est une bonne nouvelle car le succès d’une nation mérite un mécanisme bien plus complexe que celui utilisé jusqu’à présent.

Autre écueil important, le PIB n’a pas la capacité de mesurer la répartition des richesses. Et cette dernière est devenue une véritable obsession pour de nombreux pays qui craignent une scission entre ceux qui ont tout et les autres qui se partagent les miettes. Logiquement, cette fronde contre le vieil indicateur américain s’est transformée en lame de fond ces derniers mois. En agitant les discussions lors du dernier World Economic Forum à Davos ou en incitant le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz à prendre la plume pour réclamer un instrument plus instructif. Au lieu de favoriser les ressources à long terme, le PIB se contente de valoriser la croissance à tout prix, quitte à piller les ressources de la nature. Hier, cela ne dérangeait personne. Aujourd’hui, heureusement, ce n’est plus acceptable.