Personne n’en parle

  • A Champ-Dollon, les catholiques représentent 20,9% des détenus, les orthodoxes 7,8% et les protestants 2,1%. DR

    A Champ-Dollon, les catholiques représentent 20,9% des détenus, les orthodoxes 7,8% et les protestants 2,1%. DR

A Champ-Dollon, quasiment un détenu sur deux est musulman. Cette surreprésentation confessionnelle, loin d’être homogène et pratiquante, s’explique principalement par le fait qu’on emprisonne plus facilement quelqu’un dont le risque de fuite est important. C’est d’ailleurs pour cette raison que la grande majorité des détenus est d’origine étrangère.

Rien d’inquiétant à cela. Ce qui est anormal en revanche, c’est que personne n’en parle. Ce sont pourtant des faits avérés que les citoyens sont en droit de connaître. Cela d’autant plus qu’ils soulèvent des questions importantes sur le fonctionnement de Champ-Dollon. La preuve? Par pragmatisme, les responsables de la prison ont décidé de ne plus servir de porc à tous les repas. Normal ou pas? Le débat mérite d’être soulevé. Pas question en effet de fixer de nouvelles normes de manière unilatérale, tacite, à l’abri des regards. Il faut au contraire poser les bases d’une large discussion décomplexée, franche, même si elle peut se révéler crispante et dérangeante. Au pouvoir politique ensuite de prendre ses responsabilités. Le tout, bien entendu, en refusant fermement toute stigmatisation d’une communauté déjà marginalisée et tout racisme cultuel. Pas facile, d’accord. Raison de plus pour ne pas penser résoudre la question en l’évacuant. En milieu carcéral, plus qu’ailleurs, rappeler le respect des principes de la laïcité doit se faire avec clarté, fermeté mais aussi sens du dialogue. C’est cela qui permet, bien mieux que les non-dits, d’éviter les tensions intercommunautaires, une promiscuité sans la moindre solidarité et, surtout, que le quotidien devienne un motif d’exclusion et de victimisation. Deux des principaux moteurs de toute radicalisation et haine de l’autre.