Table rase

  • Giancarlo Mariani, rédacteur en chef.

    Giancarlo Mariani, rédacteur en chef.

Liberticide. Inadaptée. Floue. Voici un florilège d’avis qui ont accompagné l’entrée en vigueur de la loi sur la restauration, le débit de boissons, l’hôtellerie et le divertissement en 2016. Vingt-deux mois plus tard, environ 550 établissements sont certes encore en sursis. Mais l’Etat affirme que 90% des cafetiers-restaurateurs devraient recevoir leur autorisation d’exploiter d’ici à la fin de l’année. On est très loin de l’hécatombe annoncée. Se mettre en conformité n’était pourtant pas facile puisque travail au noir, honorabilité, financements douteux, faillites frauduleuses, tout a été passé au peigne fin. Pour les tricheurs, l’arsenal répressif prévoit même des sanctions pénales. Cela change tout. Peu de secteurs économiques ont fait preuve d’une telle volonté de transparence. En mettant tous les acteurs sur un pied d’égalité, Genève joue les pionniers, réinvente un label de qualité dans le respect de la clientèle et des collaborateurs. Près de cinq ans ont été nécessaires à la société faîtière et à l’Etat pour réaliser cet énorme travail. Bien entendu, tout n’est pas parfait. Parmi les bistrots en sursis, certains passeront sans doute à la casserole. Surtout, il reste à vérifier sur l’addition que les clients ne deviendront pas les dindons de la farce d’une profession qui, à grands frais, a su faire table rase du passé.