Justice à deux vitesses: les banques rigolent

  • Fabio Bonavita, journaliste.

    Fabio Bonavita, journaliste.

BANQUES • Avant, il y avait les établissements qui étaient trop gros pour tomber («too big to fail»). Désormais, il y a ceux qui sont trop importants pour être condamnés («too big to jail»). Selon un récent rapport du Boston Consulting Group, les principales banques européennes et américaines ont déboursé la coquette somme de 321 milliards de dollars d’amendes entre 2009 et 2016. Des montants vertigineux? Pour le commun des mortels, oui. Pas pour une banque. Quand on sait que leurs profits se chiffrent souvent à plusieurs milliards de francs suisses par trimestre. A choisir, il vaut mieux se délester de quelques millions plutôt que de finir devant les tribunaux. Puis en prison. De toute façon, dans ce petit système bien rodé, les amendes et les honoraires d’avocats sont des frais déductibles des impôts. Au vu de l’actualité récente, ce grand casino où la justice se monnaie n’est pas près de fermer ses portes. Activités frauduleuses de change? Credit Suisse paiera 135 millions de dollars. Enquêtes pour fraude fiscale et démarchage illégal? HSBC se délestera de 348 millions. Des cacahuètes qui n’affecteront en rien les bilans annuels de ces banques pincées comme tant d’autres la main dans le pot de confiture.

Comment expliquer cette justice lâche? Selon les procureurs américains, traîner devant les tribunaux certains établissements pourrait avoir des répercussions fâcheuses pour l’économie nationale. Une action judiciaire déstabiliserait donc ces géants de la finance? Oui, alors autant s’attaquer aux PME et aux particuliers. Tant qu’à sévir autant viser les plus faibles. Ceux qui se lèvent le matin pour assurer l’essentiel, qui déclarent leurs revenus et tentent de s’en sortir. Comment ça, les dindons de la farce?