Quand la planète se retourne, Genève souffre

  • Fabio Bonavita

    Fabio Bonavita

CONJONCTURE • C’est une réalité qui saute aux yeux. Les pôles économiques se sont inversés. Si l’Europe et l’Amérique du Nord pouvaient se targuer de croissances insolentes au siècle dernier, cela fait bien longtemps que ce n’est plus le cas. Il faudra s’y faire ou réagir. Car l’écart est en train de se creuser. Qui le dit? La Banque mondiale.

Dans son dernier bulletin de perspectives pour l’année 2018, elle annonce que la croissance des sept plus importantes économies émergentes devrait se renforcer au point de dépasser son rythme moyen à long terme. Et la reprise de l’activité est impressionnante. Alors que l’Europe peinera à atteindre les 2,5% de croissance, l’Asie du Sud se situera à 7,1% et l’Asie de l’Est à 6,1%. Davantage qu’une différence, un gouffre. Certains pays asiatiques peu habitués aux sommets conjoncturels se réveilleront enfin. C’est le cas du Bhoutan, de l’Indonésie, du Pakistan et du Sri Lanka. Au niveau mondial, la croissance s’élèvera à 2,7% avec une nette reprise des échanges commerciaux qui passeront de 2,5% en 2016 à 4% l’an prochain.

Au-delà de la froideur des chiffres, c’est à un changement de monde auquel on assiste depuis quelques années. A tel point que l’adjectif «émergent» en deviendrait presque ridicule. En Europe, et plus particulièrement en Suisse, le faible niveau des investissements et le frêle accroissement de la productivité sont des motifs d’inquiétude pour l’avenir. D’autant que les effets bénéfiques de la digitalisation tardent à arriver. Il faudra donc miser sur des secteurs à haute valeur ajoutée afin de se différencier et tenter de retrouver des niveaux de croissance acceptables dans notre pays. Ce ne sera pas le cas l’an prochain, puisque les prévisions tablent entre 1,7 et 1,9%. Un peu mieux que cette année où la croissance aura été quasiment inexistante sur l’ensemble du territoire. La récente appréciation de l’euro face au franc suisse n’ayant pas récupéré un début d’exercice moribond.