Internet: la sextorsion continue de faire des ravages

ARNAQUE • Même si les dépôts de plainte restent rares, les chantages à la fausse vidéo compromettante font toujours des victimes dans le canton. Deux réflexes s’imposent: ne rien payer et signaler le cas à la police.

  • Les victimes de ce genre de chantage osent rarement déposer plainte. 123RF/LOGANBAN

    Les victimes de ce genre de chantage osent rarement déposer plainte. 123RF/LOGANBAN

Marco* a encore des trémolos dans la voix quand il se souvient du mail reçu au début du mois de janvier: «Les pirates y affirmaient qu’ils avaient pris le contrôle de ma webcam et qu’ils savaient que je m’étais masturbé. Pour éviter qu’ils ne diffusent la vidéo compromettante sur la Toile, je devais leur payer 400 francs en bitcoin. Très sincèrement, j’ai failli tomber de ma chaise.»

Tiraillés par la honte

Le trentenaire habitant le quartier de Champel a cependant eu le bon réflexe. Il a signalé le cas à la police. Une attitude relativement rare en matière de sextorsion, comme le confirme Silvain Guillaume-Gentil, porte-parole de la police cantonale genevoise: «Il y a ceux qui paient, les autres qui ont honte de ce qui leur arrive et enfin les internautes qui n’osent pas déposer plainte.» Les statistiques tenues par les forces de l’ordre sont donc souvent très éloignées de la réalité: «Nous en sommes conscients. Nous avons répertorié dix plaintes déposées dans le canton en 2018. Mais nous sommes loin de la réalité car les victimes ont souvent honte et n’entament donc aucune démarche.»

Criminels insaisissables

Pour Chantal Billaud, directrice de la Prévention suisse de la criminalité, l’absence de plainte est aussi liée à la difficulté d’appréhender les auteurs de sextorsion: «Les victimes pensent que la police ne peut pas leur venir en aide et qu’on ne retrouvera de toute façon pas les auteurs.» Une évidence pour Marco: «J’ai quand même signalé ce qui m’était arrivé pour que l’on sache que ce phénomène existe, mais je sais que les criminels ne seront pas identifiés et surtout pas appréhendés car ils sont souvent situés dans des pays lointains en Afrique ou en Asie.»

Post-it salvateur

Que faire lorsque l’on reçoit un tel e-mail? D’abord, il est important de ne rien payer. Il convient également d’effacer le courriel de sa messagerie. Apposer un petit post-it sur l’objectif de sa webcam peut s’avérer être un moyen efficace de préserver son intimité. Silvain Guillaume-Gentil ajoute: «Les internautes peuvent également remplir le formulaire de signalement Fedpol ou celui disponible sur le cyberkiosque du canton de Genève à l’adresse www.ge.ch/criminalite-internet.» Dernière recommandation valable en tout temps sur la Toile, changer régulièrement ses mots de passe complique passablement la tâche des pirates.

* nom connu de la rédaction