Offres d'emploi propices au dumping salarial

EMBAUCHE • Une entreprise genevoise cible des candidats au bénéfice de diplômes français.

  • Parue sur le site jobup.ch, l'annonce cible les personnes diplômées en France.

Faut-il être Français pour travailler dans le secteur logistique? Pourtant, c'est ce que laisse penser une offre d'emploi mise en ligne par une entreprise genevoise de logistique, le mois dernier. «Titulaire d'un diplôme universitaire de gestion des opérations logistiques, vous avez une excellente maîtrise des outils informatiques usuels», précise l'annonce. Une formation qui, après enquête, existe uniquement en France.

Discrimination

«Lors de la mise en ligne de notre annonce, nous cherchions une personne qualifiée titulaire d'un diplôme universitaire de Gestion des opérations en logistique et non titulaire du diplôme universitaire de Gestion des opérations en logistique, se défend la responsable des Ressources humaines de la société concernée. Nous n'avions aucune idée qu'il s'agissait d'un certificat français au moment de publier l'offre. La nationalité de nos candidats n'est en aucun cas un critère d'embauche.» Une candeur qui ne convainc pas Umberto Bandiera, secrétaire syndical chez Unia: «Le marché logistique genevois est particulièrement propice au dumping salarial et à la concurrence déloyale. De nombreuses entreprises préfèrent recruter des étrangers au détriment de la population locale.» Et de préciser: «Il y a clairement eu une discrimination à l'embauche dans cette société.»

Intervention étatique

Bien qu'irrité par ce type d'annonces, l'Etat en minimise la portée: «Ce problème se manifeste rarement, précise Bernard Favre, porte-parole du Département de la solidarité et de l'emploi. Le plus souvent, il s'agit de maladresses, comme des annonces discriminatrices selon l'âge ou le sexe. Dans ces cas, nous adressons une lettre aux entreprises pour leur signaler le problème. Cela arrive moins de 10 fois par an.»Mais à l'heure où la sous-enchère salariale atteint son comble en Suisse (lire GHI du 03.05.12), les syndicats sont à l'affût de la moindre transgression: «Nous faisons régulièrement des contrôles pour éviter que le phénomène explose, confie Umberto Bandiera. Diverses entreprises font du dumping en se couvrant sous les critères d'embauche. C'est inadmissible! Pourtant, les sanctions dans les cas avérés sont quasiment inexistantes.» Une réalité contestée par l'OCE: «Le chômage n'a jamais été aussi bas en dix ans à Genève, rappelle Bernard Favre. Et le salaire médian est passé de environ 6000 à 6800 francs, le plus haut de Suisse.»