Prêts sur gages: un monopole étatique en sursis

CONCURRENCE • L’arrivée sur le marché d’une société vaudoise est regardée avec circonspection par la Caisse publique de prêts sur gages.

  • La CPPG espère que la nouvelle société  «respecte ses attributions». DR

    La CPPG espère que la nouvelle société «respecte ses attributions». DR

Un monopole étatique est-il sur le point de sauter à Genève? L’organisme de prêt sur gage mont-de-piété… A Genève, cette activité, consistant à obtenir un prêt d’argent contre le dépôt d’un objet précieux à récupérer plus tard, est l’apanage de la Caisse publique de prêts sur gages (CPPG) depuis 1872. L’arrivée sur ce marché, ce mois-ci, de la société Valorum, déjà basée à Lausanne et Montreux, va-t-elle briser ce monopole? Son fondateur, l’entreprenant Juan Caido, affirme que non, mais la CPPG scrute de près son installation à la rue Chantepoulet.

Conseil, expertise...

«Notre caisse s’assurera que Valorum respecte les dispositions légales en intervenant auprès du Département des finances», confirme Denis Thorimbert, chef de la CPPG. Dans sa succursale genevoise, Juan Caido a l’intention d’officier dans les secteurs du conseil, de l’expertise de biens précieux, l’achat et la vente de bijoux, qui sont ses spécialités. Le prêt sur gage en tant que tel? Il s’y adonnera, mais uniquement pour les lingots, les pièces d’or voire les voitures de luxe. En effet, d’après la loi genevoise, seuls les bijoux, les montres et les objets précieux jouissent du monopole de l’établissement de droit public, qui emploie quatre personnes.

Juan Caido, lui, boxe dans une autre catégorie. En installant sa société dans la cité de Calvin, au plus près des grandes marques de luxe helvétiques, il cherche à alimenter son fonds vaudois de prêt sur gage. Il précise que le financement de Valorum «ne dépend d’aucune banque et affichait 1,7 million de chiffre d’affaires en 2016». Il espère séduire davantage les clients haut de gamme tels les expatriés ou les princes saoudiens. «Lesquels viennent déjà nous trouver sur Vaud lorsqu’ils ont un besoin urgent de liquidités, et parfois avec des objets d’une valeur à sept chiffres», précise Juan Caido.

Créneau complémentaire

Selon l’homme d’affaires, la présence de sa société à Genève contribuera à rendre un meilleur service sur un créneau complémentaire. «D’autant que je suis à la disposition de la CPPG pour que nous progressions ensemble», insiste-t-il. «Si Valorum respecte ses attributions, ce n’est nullement une concurrence, confirme de son côté, Denis Thorimbert de la CPPG, au contraire car le besoin existe.»