COMMENTAIRE - Autriche, nation souveraine

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet

Au bord de l’apoplexie, nos braves commentateurs, sous prétexte que le Parti de la liberté (FPÖ), qu’ils qualifient «d’extrême droite», est associé au nouveau gouvernement dirigé par le très jeune conservateur Sebastian Kurz, 31 ans, désormais le plus jeune dirigeant de la planète! François Hollande, mieux inspiré lorsqu’il se tait, vient de qualifier ce gouvernement de «contraire aux valeurs européennes».

La composition du gouvernement de ce pays est l’affaire de l’Autriche, non de l’Europe. Les citoyennes et citoyens autrichiens ont, en parfaite liberté et connaissance de cause, décidé de donner aux deux partis de cette coalition, l’ÖVP du jeune chancelier, et le FPÖ, les moyens législatifs de gouverner le pays. Nous n’avons, de l’étranger, strictement aucune leçon à donner à l’Autriche.

Et puis, le contexte. La politique migratoire d’Angela Merkel constitue la cause majeure du vote des pays d’Europe centrale, Autriche ou Hongrie, pour des formations de ce type. Ces pays se situent sur la première ligne de front des flux qui arrivent en Europe, par la route des Balkans. L’ouverture des frontières, voulue par la chancelière allemande, les frappe de plein fouet. De quel droit, d’ici, aurions-nous à les juger?

Bref, avant de dire n’importe quoi sur ce pays voisin et ami, comparable, à bien des égards, au nôtre, dont l’histoire est pétrie de valeurs conservatrices, il convient peut-être de se renseigner. L’Autriche est une nation souveraine, indépendante. Elle n’a pas de leçons à recevoir de Bruxelles. Ni de nous, d’ailleurs.