COMMENTAIRE - Impuissances impersonnelles

Sauver le soldat Merkel. Tel était le seul but du sommet européen sur les migrants, qui s’est tenu le vendredi 29 juin à Bruxelles. Sauver une chancelière aux abois. Lui donner une ultime chance de continuer à mener l’Allemagne, et d’imposer à l’Europe sa vision d’un règlement multilatéral des flux migratoires.

A l’intérieur de son propre pays, Angela Merkel est chaque jour un peu plus critiquée. Les conséquences de son accueil massif de migrants à l’automne 2015 sont incalculables pour le pays. La société allemande se trouve confrontée à une altérité qu’elle n’a pas toujours souhaitée, en tout cas dans des proportions aussi considérables. La puissante CSU bavaroise, et aussi bien sûr l’AfD, le nouveau parti nationaliste, mènent la vie très dure à une chancelière qui, à l’évidence, est dans sa législature de trop.

Angela Merkel est désormais en sursis. Pour compenser les pressions énormes qu’elle subit chez elle, elle va chercher des alliés dans la machinerie européenne de Bruxelles. Auprès du président français Emmanuel Macron, elle trouve une main tendue: est-elle fiable? Ce qui compte, c’est qu’il existe désormais, en Europe, un axe Nord-Sud, composé du nouveau gouvernement italien, de celui de l’Autriche et des forces rebelles de Bavière, pour exiger une nouvelle politique migratoire, infiniment plus ferme, et surtout décidée souverainement, nation par nation, le château de cartes bruxellois n’étant qu’une addition d’impuissances impersonnelles. Contre l’alliance de ces forces, soutenues par les peuples, Angela Merkel ne pourra plus tenir très longtemps.