La clef du succès d’une campagne joyeuse!

CAMPAGNE ELECTORALE • Aller sur le terrain, voir les gens, les toucher, leur transmettre des vibrations positives, se charger en retour de ce qu’ils nous donnent. C’est aussi cela, la politique: tout, sauf ennuyeux!

  • Jacques Chirac, le champion toutes catégories de la dimension physique de la politique.  WIKIMEDIA COMMONS/PLANTAGENETS

    Jacques Chirac, le champion toutes catégories de la dimension physique de la politique. WIKIMEDIA COMMONS/PLANTAGENETS

J’observe la politique depuis décembre 1965. J’avais 7 ans et demi, c’était la présidentielle française, première du genre au suffrage universel. Nous avions la télévision, ils passaient le soir des spots de campagne, hagards, surgis du XIXe siècle, regards figés face caméra: il y avait François Mitterrand, Jean Lecanuet, Marcel Barbu, Jean-Louis Tixier-Vignancour. Je ne comprenais pas grand-chose à ce que racontaient ces Messieurs en noir et blanc qui surgissaient le soir dans notre salon, mais j’adorais. Dès le second tour, opposant Charles de Gaulle à François Mitterrand (sans débat, hélas, entre les deux), j’avais déjà beaucoup mieux saisi les enjeux: le maintien au pouvoir du sortant, dont je commençais à percevoir la densité historique, face à un brillant challenger.

Secret de chaque chemin

En l’espace de quelques semaines, j’avais grandi, passant de l’ignorance totale du fait politique à une véritable passion pour la captation des attentions d’un électorat. Toute ma passion politique, celle d’aujourd’hui, patiemment développée pendant un demi-siècle, vient de là, décembre 1965.

Plongé dans la campagne électorale genevoise des 15 avril et 6 mai prochains, j’observe, je scrute, je hume. Totalement immergé au milieu des candidats au Grand Conseil (ils sont 104 à passer à Visages de Campagne, sur Léman Bleu) et au Conseil d’Etat, j’ai dépassé depuis longtemps la simple approche idéologique. Je préfère contempler la totalité de la personne. Hors de cet humanisme, qui vous amène à pénétrer dans la logique de combat et d’existence de chaque candidat, point de salut. Il y a évidemment des gens très bien dans tous les partis, oui tous, de la gauche la plus radicale à la droite la plus dure. Ce qu’il faut, c’est tenter de saisir le secret de chaque chemin.

Pas qu’un programme, des vibrations aussi

Et puis, dire une chose, très fort. La politique, ça doit bien sûr être très sérieux sur le fond, mais ça ne doit surtout pas être ennuyeux! Surtout dans une campagne électorale. Car enfin, ce qu’on délivre aux gens, ça n’est pas seulement un programme, une idéologie, mais aussi des vibrations. Comme un bonheur d’être là, battre le pavé, rencontrer, toucher, transmettre. C’est la dimension physique de la politique. Si vous êtes dépourvu de ce sens du contact, vous pouvez être aussi brillant que vous voulez, vous n’y arriverez pas. Au fond, il faut aimer les gens. Passer vraiment du temps avec eux. Se charger de leurs énergies. C’est pourquoi, malgré les réseaux sociaux, les médias et tout ce que vous voudrez, rien ne remplacera jamais le contact humain, direct. La plupart, aujourd’hui, l’ont d’ailleurs bien compris, n’oubliant ni les stands ni les marchés. On y rencontre des hommes et des femmes, des vrais.

On cite souvent l’exemple de Jacques Chirac, 45 ans, déjà ancien premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, lors de la campagne législative de mars 1978. Il avait, dit-on, serré un million de mains. Et il l’avait gagnée, cette campagne. En buvant du rouge, et en mangeant du saucisson. C’est aussi cela, une campagne. Joyeux, excessif, festif. Comme un air de carnaval. Où la parole est reine, et la joie de vivre, souveraine. Bonne continuation à tous!