L’aide au développement pleure la bouche pleine

En augmentation constante depuis les années 1960, les dépenses pour l’aide publique suisse au développement ont dépassé les 3,5 milliards en 2016 (on s’approche du budget de l’armée), en augmentation de 114 millions par rapport à l’année précédente; les dépenses fédérales pour l’accueil des migrants ayant bondi de 42% durant la même année.

Pourquoi ces cris de famine alors, comme si l’on retirait le pain de la bouche aux 650 fonctionnaires (équivalent plein-temps) de la Direction du développement et de la coopération (DDC), le plus gros office du Département de l’extérieur? Parce qu’à la dernière session d’automne, un parlementaire a osé suggérer que l’on pourrait renoncer à l’objectif fixé en 2011 de consacrer 0,5% du Revenu national brut (RNB) à l’aide au développement, celui-ci ayant été atteint et même dépassé en 2016. Il n’était pas question de réduire le budget de la DDC, juste de ne plus être obligé de l’augmenter selon le RNB. Une majorité des parlementaires a refusé la proposition, mais le choc post-traumatique demeure. Et on ne cesse depuis lors de pleurer la bouche pleine, au risque de s’étrangler, contre toute velléité de révision des dépenses selon leur utilité.