L’économie du futur sera forcément égoïste

TENDANCE • Ne penser qu’à soi, payer uniquement ce que l’on consomme, ne pas considérer les préoccupations de son voisin de palier, ce comportement est désormais devenu tendance. Presque la norme. En Thurgovie, des parents ont décidé de ne plus participer au financement des camps de ski et des activités culturelles de leurs mômes sous prétexte qu’ils ne s’y rendaient pas. Une décision qui fait désormais tache d’huile puisqu’à Genève, Fribourg et Neuchâtel, des démarches similaires sont entamées pour ne plus avoir à payer les quelques centaines de francs annuels.

Chaque semaine amène son lot de «Je n’utilise pas, alors je ne paie pas!». Bientôt, les couples sans enfant décideront peut-être de ne plus financer les crèches et les écoles. Demain, nos déplacements seront sûrement facturés en fonction des trajets effectués. «20 kilomètres sur l’A1, puis 4 kilomètres sur une route secondaire, cela vous coûtera 16 francs!» nous informera une voix robotisée issue de notre smartphone.

Pareil pour la collecte des déchets. Aujourd’hui déjà des entreprises sont en train d’installer des systèmes digitalisés permettant de connaître avec exactitude le poids annuel d’ordures produit par une famille genevoise. Après-demain, ce sera au tour de la santé. Grâce aux objets connectés, les primes se calqueront sur les habitudes de chaque assuré. Un fumeur non-sportif se gavant de plats industriels verra sa prime exploser. Mais son pote qui joue chaque semaine au foot, mange ses cinq fruits et légumes et se couche tôt sera récompensé. Dans l’univers impitoyable de la personnalisation, le droit à l’erreur n’existe pas. L’humanité sera totalement supprimée au profit d’une juste facturation. Vive le futur!