Les fausses nouvelles? Mais elles sont partout!

INFORMATION • Lutter contre les «fake news»? Oui, bien sûr. Mais pas, comme le propose le président Macron, par une loi! Appliquons notre vigilance à toute parole. En commençant par celle du pouvoir. Tout pouvoir, d’où qu’il soit.

  • Les fausses nouvelles existent, malheureusement, depuis la nuit des temps. PHOTOS 123RF/LIGHTWISE ET 123RF/BOWIE15

    Les fausses nouvelles existent, malheureusement, depuis la nuit des temps. PHOTOS 123RF/LIGHTWISE ET 123RF/BOWIE15

  • Les fausses nouvelles existent, malheureusement, depuis la nuit des temps. PHOTOS 123RF/LIGHTWISE ET 123RF/BOWIE15

    Les fausses nouvelles existent, malheureusement, depuis la nuit des temps. PHOTOS 123RF/LIGHTWISE ET 123RF/BOWIE15

D’abord, efforçons-nous de parler français. On nous permettra donc de préférer les mots «fausses nouvelles» à fake news. Et puis surtout, conservons toujours un œil critique sur le pouvoir, toutes les formes de puissance en ce monde, leurs outils de manipulation de l’opinion. C’est l’une des fonctions du journalisme politique que d’exercer cette vigilance, inviter au décryptage, pour mieux comprendre. Depuis quelque mois, les mots fake news se multiplient dans le monde comme des petits pains. Alors parlons-en oui, mais avec la distance de ceux qui refusent d’être dupes.

Paris entend légiférer

L’homme qui a fait déborder le vase, c’est Emmanuel Macron. En annonçant sa volonté de légiférer sur les fausses nouvelles, le jeune président français laisse entendre qu’il appartiendrait au pouvoir politique, donc à lui et ses affidés, de statuer sur ce qui est vrai ou faux, juste ou exagéré, digne d’être publié, ou jeté à la poubelle. Tout cela, en invoquant la foison de mensonges sur les réseaux sociaux, qui en effet constitue un problème. «ll y a des choses fausses, donc nous allons faire une loi», nous assène-t-il en substance. D’aucuns applaudissent, parmi les plus candides, comme si on n’avait jamais vu un texte législatif, dans l’histoire, avoir raison de la bonne ou de la mauvaise foi, de la vérité sur l’invention, de l’intérêt public sur la manipulation.

Société du respect et de la confiance mutuelle

Que nous devions, tous ensemble, pas seulement les journalistes mais toute la société civile, lutter contre les fausses nouvelles, est une certitude. Mais pas comme cela. Pas par une loi, décidée par la majorité de pouvoir d’un moment. Seule l’autorégulation de chaque espace d’expression (journal, chaîne radio ou TV, blog, site internet) doit exercer la responsabilité éditoriale de ce qui est publié. Si, dans ces espaces, il est contrevenu à la loi, chacun est libre de saisir le juge. Si une contre-vérité est proférée, chacun doit être libre de le souligner. Mais de grâce, pas avec la loi, pas avec des juges! Ou alors, en ultime ressort, en cas d’attaques à la personnalité. Mais pas sur la base d’un simple désaccord politique. Nous avons besoin d’une société du respect et de la confiance mutuelle (qui n’exclut nullement l’affrontement, même vif), et non d’une République des juges.

Vigilance citoyenne

Enfin, il convient de rappeler que les fausses nouvelles, dans l’histoire humaine, n’ont rien de… nouveau! Toujours et partout, là où il y a un prince et ses vassaux, là où s’affrontent des intérêts, là où il y a de quoi s’enrichir, elles ont existé. Dans les communiqués du pouvoir, dans les conférences de presse, dans l’amabilité feinte des puissants, dans la presse écrite, dans les bons vieux quotidiens papier, à la radio, à la TV, sur les sites, et en effet (parmi tout cela), sur les réseaux sociaux. Une vraie vigilance citoyenne s’appliquera en effet à ces derniers. Mais pas plus, au fond, qu’aux médias traditionnels, aux circulaires ou directives d’un ministre, ou à tout acte de parole émanant de celui – ou celle – qui détient une parcelle de pouvoir. Excellente année à tous!