Plaidoyer pour l’intérêt supérieur du pays

DÉMOCRATIE • Aimer la politique, c’est bien, et nous l’adorons. Mais cette ferveur n’a de sens que dans le service du pays tout entier, non celui d’un parti, d’une corporation ou d’un lobby. Une ambition d’ensemble s’impose.

  • Les initiatives populaires sont une rude et saine concurrence à la bonne vie parlementaire.  FRANCIS HALLER

    Les initiatives populaires sont une rude et saine concurrence à la bonne vie parlementaire. FRANCIS HALLER

Au seuil de la nouvelle année, je plaide ici pour l’intérêt supérieur de notre pays. Nous, les citoyennes, les citoyens, hommes et femmes libres, adultes, vaccinés, surgis de tous les horizons, avec nos opinions divergentes, ce qui doit nous réunir, c’est le souci du bien commun. Que nous soyons de gauche, de droite, libéraux ou protectionnistes, réformistes ou conservateurs, peu importe! Confrontons nos opinions, bagarrons-nous en saine démocratie, engueulons-nous fraternellement, mais de grâce, gardons à l’esprit que le but ultime de nos combats, c’est d’être utiles à notre pays. Non à tel ou tel corporatisme. Non à tel ou tel parti, qui n’a pas à être un but en soi. Mais à l’ensemble. Facile à dire. Difficile à mettre en œuvre.

Démocratie directe

Regardez la santé. Un casse-tête. Caisse unique? Caisses publiques? Couper les ailes aux lobbyistes à Berne? Fixer les primes en fonction du revenu? Modèle étatisé? Privé? Chaque Suisse, comme dans le domaine de l’éducation, a sa petite idée. Huit millions de ministres de la Santé! Chacun, surtout, sent en soi la colère qui gronde, parce que les primes, depuis vingt ans, ne cessent de grimper. A partir de là, que faire? Le péarlement, le Conseil fédéral, sont-ils encore dignes de confiance? La démocratie directe, activée par plusieurs initiatives conjointes, sera-t-elle la solution? De ce capharnaüm, rien de durable ne pourra émerger sans une disposition d’âme, en chacun d’entre nous, liée sincèrement à l’intérêt supérieur de la communauté humaine de notre pays. A cela, et non à la défense de telle corporation, tel groupement d’intérêts: il y a un moment où le foisonnement associatif de la Suisse doit céder la place à la clarté de l’intérêt général. Idem pour les retraites. Idem pour la fiscalité.

Indifférence exhumée

Oui, mais comment définir l’intérêt général, autrement qu’en dégageant des majorités? C’est précisément pour cela que je crois si fort à la démocratie directe, principalement aux initiatives populaires. Parce qu’elles viennent d’en bas. Elles exhument de l’indifférence des thèmes boudés par les clercs. Elles agitent des sujets méprisés par les élites, politiques ou médiatiques, qui sont d’ailleurs liées. Elles établissent une rude et saine concurrence à la bonne vie parlementaire. Elles les secouent, et c’est pourquoi les élus, se bouchant le nez, affichent leur mépris pour ces textes munis de plus de 100’000 signatures, ayant passé l’épreuve de la rue, des empoignades devant les stands de signatures. Alors, eux, les parlementaires, font tout pour invalider l’initiative, empêcher la votation d’avoir lieu. Ils ont tort, évidemment, car ce comportement montre leur peur face à cette concurrence surgie de la base. Et surtout, leur volonté de défendre l’institution parlementaire, hélas parfois, avant le sujet lui-même, qui ne doit être considéré que dans l’intérêt supérieur du pays.

Cette dialectique entre démocratie directe et démocratie participative, l’une et l’autre étant parfaitement utiles et respectables, continuera de nous accompagner pendant toute l’année 2018. Que je vous souhaite à tous, excellente, pleine d’émotion et de lumière.