Les filières séparées sont source d’inégalités sociales

éTUDES • Quinze cantons passés sous la loupe. Genève, qui se classe dans la moyenne suisse, a déjà pris des mesures pour corriger le tir.

  • Dans le canton de Genève, les élèves peuvent passer d’une filière à l’autre. GETTY IMAGES/BROWNS

    Dans le canton de Genève, les élèves peuvent passer d’une filière à l’autre. GETTY IMAGES/BROWNS

Séparer précocement les élèves dans des filières scolaires est source d’inégalités. Telle est la conclusion d’une étude, parue en avril, dans la revue Social Change in Switzerland. Les auteurs, Georges Felouzis et Samuel Chermillot, membres du Groupe genevois d’analyse des politiques éducatives (GGAPE) de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FPSE), s’appuient sur les données PISA de 15 cantons suisses.

Ségrégations

Dans Le journal de l’Université de Genève du 8 juin dernier, le duo relève: «D’un côté, il y a le système segmenté qui sépare très tôt – le plus souvent à la fin de l’école primaire – les élèves en fonction de leur niveau dans des filières différenciées. A l’opposé, le système unifié, dans lequel il n’y a aucune filière jusqu’à la fin du secondaire obligatoire; les classes indifférenciées et hétérogènes avec des élèves bons, moyens et faibles, comme au primaire.»

Ces «séparations» ont aussi des conséquences au niveau social, comme le soulèvent les deux auteurs de cette étude: «Les filières produisent une ségrégation entre élèves: les élèves d’origines ou de milieux différents ne se rencontrent pas ou peu. Ce qui suscite des questions sur le plan des apprentissages, mais aussi de la citoyenneté et du vivre ensemble.»

A Genève, depuis la réforme de 2011, le système est segmenté avec trois filières, comme le précisent encore Georges Felouzis et Samuel Chermillot. «Une série de mesures permettent aux élèves de passer d’une filière à l’autre, ce qui explique que le canton se place dans la moyenne suisse au regard des inégalités. La nature de sa population est marquée par une forte composante urbaine et migrante, mais cela n’a pas d’influence sur l’inégalité.» Et de conclure: «Une dernière caractéristique genevoise est le nombre important d’élèves en filière prégymnasiale, cela répond à une volonté politique.» Lire le «Coup de gueule» en page 6