Jusqu’au 4 juillet, l’exposition Contradictions s’intéresse au concept de la multiplication tel qu’il est appliqué aux domaines de l’estampe, des objets d’art, de la bijouterie, de l’horlogerie et de la médaille. Une conception répandue veut que toute possibilité de multiplication soit synonyme de perte d’authenticité. Mais ce potentiel de diffusion englobe, au contraire, des aspects inattendus: il interroge le travail de l’artiste et rend l’acte de création tangible. La multiplication se manifeste dans le développement d’une idée. Elle permet aussi d’explorer des variations, de répéter les essais ou de lever certains doutes. Finalement, elle demande parfois de renoncer à des solutions ou de transposer une technique pour obtenir de nouvelles perspectives. L’origine de cette exposition se fonde sur une réflexion liée à la pratique des arts graphiques.
Multiplication illimitée
L’estampe, à la fois résultat de l’impression d’une matrice et processus reproductible, est le seul procédé artistique qui permet de rendre visible la succession des étapes de travail: un nouvel état de l’œuvre est produit à chaque impression de la matrice gravée et modifiée. Le processus de création devient directement tangible et la multiplication devient illimitée, tout comme les possibilités artistiques et intellectuelles.
Les treize états d’une même plaque de Markus Raetz, la séquence des étapes de travail de Georg Baselitz ou de Matthias Mansen en sont des exemples typiques. Le détournement de matériaux vient enfin s’adosser au détournement technique: avec lui, horlogers, bijoutiers et plasticiens révisent les codes classiques pour proposer une autre vision de l’objet, transformé non seulement dans son design mais aussi dans sa fonction même.
Une exposition à découvrir sans plus attendre pour ceux qui désirent une véritable réflexion sur la pratique artistique.
«Contradictions», Musée d’art et d’histoire, Genève, jusqu’au 4 juillet 2021, www.institutions.ville-geneve.ch/fr/mah