L'empire du yuan

TRANSACTIONS • Le présent fait parfois écho au passé de manière singulière. La rencontre à Riyad, en décembre, entre Xi Jinping et le prince héritier Mohammed ben Salmane le rappelle de manière flagrante. Objectif, notamment: fixer le prix de vente du pétrole en yuan, la devise chinoise. L’événement s’inscrivait avant la visite faite le mois dernier par le dirigeant chinois à Vladimir Poutine, et celle annoncée en Iran. Un intense bal diplomatique qui illustre la stratégie de Pékin visant à faire tomber, à terme, le dollar de son piédestal.

Revenons en Arabie saoudite, mais au siècle dernier. Le 14 février 1945 précisément, à bord du croiseur USS Quincy où se retrouvent le président Roosevelt et le roi Abdelaziz Al Saoud. L’accord scellé ce jour-là donne naissance au pétrodollar. Puis sous la présidence Ford dans les années 1970, Washington signe un pacte secret avec Riyad, facilitant l’achat par ce dernier de bons du Trésor américain avec les dollars obtenus grâce à la vente de son pétrole. Une attitude qui pourrait bien inspirer Xi Jinping.

Si nous sommes encore loin d’une position dominante du yuan (qui représente moins de 10% des transactions internationales), l’empire du Milieu enchaîne les accords avec de nombreux pays émergents. Derniers actes en date, la semaine dernière: le Brésil et la Chine annoncent que leurs transactions se feront désormais exclusivement en yuans et réais. Le jour précédent, c’est TotalEnergies qui réalise sa toute première transaction de gaz naturel liquéfié en devise chinoise. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour Xi, ça veut dire beaucoup.