Les films à l'affiche cette semaine

  • Adèle Exarchopoulos dans «Rien à foutre». DR

  • «La colline où rigissent les lionnes», un film de Luana Bajrami. DR

«Rien à foutre»

COMÉDIE DRAMATIQUE • Bienvenue dans la vie de Cassandre, 26 ans, hôtesse de l’air sur une compagnie low-cost. Cassandre est belge, mais elle vit dans une colocation à Lanzarote, dans les Canaries. Elle enchaîne les vols et les escales, les histoires sans lendemain, ni attache, dans une perpétuelle fuite en avant qui lui évite de se poser trop de questions. Qu’a-t-elle laissé ainsi derrière elle pour ne pas vouloir se retourner?
En suivant son personnage au plus près, caméra à l’épaule façon documentaire, Rien à foutre nous propose une comédie dramatique très immersive, portrait d’une génération en suspension, entre soif d’indépendance, désir d’exister et loi du marché. C’est la génération Y, celle qui organise sa vie à grands coups d’apps et de réseaux sociaux, celle qui ne s’engage pas sentimentalement et qu’on n’engage pas professionnellement sur le long terme, celle qui vit entre deux portes, celle qui slashe, swipe, zappe les jobs, les employeurs, les relations amoureuses et affectives.
Adèle Exarchopoulos incarne cette Cassandre avec une extraordinaire intensité. Sous l’apparente soif de vie se cache une ineffable tristesse, une mélancolie diffuse et désabusée comme si Cassandre avait la vue si perçante qu’elle pouvait déjà deviner ce qui se dessine tout au bout de sa vie: un mur.

«La colline où rigissent les lionnes»

DRAME • Quelque part dans un coin perdu du Kosovo, trois jeunes femmes regardent leurs vies passer sans avoir l’impression de pouvoir en faire quelque chose. Le village de leur enfance a des allures de voie sans issue. l’espoir d’obtenir un visa pour partir ailleurs semble être un mirage. Seule l’attente des résultats d’entrée à l’université esquisse la possibilité d’un futur. Dans leur quête d’indépendance et de liberté, une chose est sûre: rien ne pourra les arrêter.
La réalisatrice française d’origine kosovare Luana Bajrami signe un magnifique portrait féminin et féministe, en forme de coup de poing lumineux, tragique et engagé. Les trois comédiennes épatent par leur force et leur magnétisme à l’écran, sous l’œil de la caméra qui prend plaisir à tisser la métaphore de la lionne tout au long du film: les voici alanguies dans les hautes herbes, comme des prédatrices au repos, ou allant chercher la fraîcheur au bord d’un lac, avant de se mettre en chasse, à la quête de la liberté et des moyens qui vont avec. Ces trois jeunes lionnes sont intenses, touchantes, magnifiquement et tragiquement vivantes.