Miss Marple est à l’hôtel avec Dominique Ziegler

LIVRE • L’auteur prolifique de pièces de théâtre engagées publie sa seconde BD inspirée d’Agatha Christie. La fine mouche Miss Marple s’est réfugiée dans un hôtel figé au 19e siècle tandis que la révolution culturelle des années 60 est en marche. Rencontre.

GHI: Auteur d’un théâtre réflexif, on ne vous attendait pas sur le terrain de la BD?

Dominique Ziegler: C’est une affaire de hasard. Un éditeur m’a interpellé un jour en me demandant si l’auteur que j’étais pouvait écrire une BD tirée des œuvres de la reine du polar. Bien qu’il y ait des points de convergences entre les genres, je ne savais si je serais capable d’écrire un tel scénario. D’autant qu’enfant, j’avais dévoré les romans tout en subtilité d’Agatha Christie. Le premier ouvrage, Miss Marple, un cadavre dans la bibliothèque, paru il y a quatre ans a été un succès. Alors, je me suis lancé dans cette seconde édition.

Miss Marple à l’hôtel Bertram est une adaptation. Vous avez donc adapté un roman que vous avez dû synthétiser?

DZ: J’ai voulu dépoussiérer un peu le côté old fashion mais sans trahir les codes, sans sacrifier aux subtilités qui tissent les ouvrages de l’auteur britannique. Passer du roman à la BD est un exercice complexe, car il faut réussir la synthèse, garder un rythme, parvenir à tenir le lecteur en haleine pour l’amener d’une page à l’autre.

Que pouvez-vous dévoiler de l’intrigue?

DZ: L’histoire ne commence pas par un meurtre mais par une série de braquages qui affolent l’Angleterre. Miss Marple se croit à l’abri à l’hôtel Bertram. Erreur, car de multiples événements vont troubler sa tranquillité. Le tout sur fond de conflits générationnels, un thème qu’Agatha Christie n’a, en filigrane, jamais cessé d’évoquer dans ses textes. Issue de la bourgeoisie aristocrate, l’auteure a toujours exercé un regard critique sur un milieu souvent mû par l’appât du gain.

L’héroïne discrète d’Agatha Christie, plongée au cœur du Flower Power, d’une société en mutation profonde, c’est cocasse?

DZ: Certes, d’ailleurs j’ai voulu glisser un petit clin d’œil en faisant se rencontrer Jimi Hendrix et les Beatles au détour d’une bulle. J’ai essayé d’ajouter un petit décalé à l’histoire pour qu’il s’entrechoque au passéisme de Miss Marple. Propos recueillis par AG

Miss Marple à l’Hôtel Bertram de Dominique Ziegler, dessins d’Olivier Dauger, éditeur Paquet.