Musée de l’horlogerie: collection quasi remplacée

  • Le Conseil municipal accepte un crédit de plus 2,3 millions de francs pour compléter la collection historique du musée cambriolé en 2002.
  • Depuis, les trois quarts des œuvres ont été remplacées. Elles sont désormais conservées par le Musée d’art et d’histoire.
  • Le magistrat chargé de la Culture, Sami Kanaan, promet une place de choix aux prestigieuses pièces.

  • Depuis le braquage en 2002, le musée sis à villa Bryn Bella est fermé. TR

    Depuis le braquage en 2002, le musée sis à villa Bryn Bella est fermé. TR

  • Une montre de poche Bovet (vers 1840). Pièce restituée en 2008.

  • Une montre de poche Bovet (vers 1840). Pièce restituée en 2008.

«La somme servira également à valoriser la collection, une fois celle-ci complétée»

Estelle Fallet, conservatrice en chef au Musée d’art et d’histoire

Il aura fallu vingt ans. Alors que le Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie a été cambriolé en 2002, la collection dérobée est en passe d’être complètement reconstituée grâce à l’indemnité perçue par les assurances. Un dernier crédit de plus de 2,3 millions de francs vient d’être validé par le Conseil municipal. Souvenez-vous! Le 24 novembre 2002, la villa Belle Bryn, sise à la route de Malagnou, est l’objet d’un violent braquage. Après avoir défoncé la porte d’entrée en bois avec un bélier, les voleurs repartent avec 174 pièces historiques, notamment des montres et autres boîtes à oiseaux chanteurs et miniatures. Valeur estimée du butin: plus de 10 millions de francs.

Œuvres conservées au MAH

Depuis, Genève est privée de musée dédié à l’horlogerie alors même que les trois quarts des œuvres dérobées ont été remplacées par des pièces similaires ou identiques. Mais en raison d’un manque de sécurité dans la bâtisse historique, celles-ci sont précieusement conservées au Musée d’art et d’histoire (MAH), loin des yeux du grand public.

Alors, pourquoi ce crédit de 2,3 millions de francs? «La somme votée par le Conseil municipal servira également à valoriser la collection, une fois celle-ci complétée», détaille Estelle Fallet, conservatrice en chef au MAH. Est-ce à dire que Genève est sur le point de rouvrir un musée consacré à l’horlogerie? «Les œuvres de la collection seront intégrées au sein du MAH rénové», répond Estelle Fallet. Traduisez: pas besoin de musée de l’horlogerie à Genève pour faire vivre la prestigieuse collection reconstituée. La conservatrice en chef s’efforce de répondre à la mission de visibilité dont est responsable le musée en associant régulièrement les collections à des projets, en Suisse et à l’étranger.

Pièces datant de 1630

Problème: seule une partie des prestigieuses pièces, datant de 1630 à nos jours, est exposée chaque année. Un constat qui avait d’ailleurs conduit six conseillers municipaux MCG en Ville de Genève à déposer en octobre 2018 une motion pour demander la réouverture du Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie. «Un foisonnement de chefs-d’œuvre horlogers d’une valeur inestimable croupissent actuellement à l’abri du regard du grand public», dénonçaient alors les élus. En attendant que la collection soit complétée et puisse être présentée au public genevois, le dossier géré par le Ministère public genevois après le cambriolage de 2002 reste ouvert. Une démarche en restitution d’œuvres volées est encore en cours.

Sami Kanaan: «Une collection phare pour le MAH»

«Le crédit de 2,3 millions de francs, voté par le Conseil municipal de la Ville de Genève, est avant tout la confirmation que l’argent remboursé par l’assurance après le vol de 2002 a été entièrement réaffecté à la reconstitution de la prestigieuse collection de l’ex-Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie», se réjouit le ministre de la Culture en Ville de Genève, Sami Kanaan. «Cette collection reconstituée sera d’ailleurs un des piliers du nouveau Musée d’art et d’histoire (MAH), dont la mission reste d’enrichir et mettre en valeur le patrimoine genevois. Celui de l’horlogerie en est un important. Pour s’en rendre mieux compte, il suffit de visiter le Musée Rath ces prochains jours. Dans le cadre des 20 ans du Grand Prix de l’Horlogerie de Genève, des pièces prestigieuses, dont certaines font partie de la collection du MAH, y seront exposées jusqu’au 14 novembre. L’entrée est libre. Profitez-en!»

Des retours de pièces encore possibles

Après le cambriolage du Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie, seuls quatre objets ont pour l’heure été identifiés et localisés par la Brigade des cambriolages. Estelle Fallet, conservatrice en chef au Musée d’art et d’histoire (MAH), espère qu’il y en aura d’autres. Bonne nouvelle, en général les œuvres volées réapparaissent sur le marché vingt ans après avoir été dérobées. «La période écoulée depuis le vol de 2002 augmente réellement les chances de réapparitions», appuie la conservatrice. Qui conclut: «La réapparition d’un lot de pièces serait une opportunité incroyable de remettre en lumière l’entier de la collection.»