«La somme servira également à valoriser la collection, une fois celle-ci complétée»
Estelle Fallet, conservatrice en chef au Musée d’art et d’histoire
Il aura fallu vingt ans. Alors que le Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie a été cambriolé en 2002, la collection dérobée est en passe d’être complètement reconstituée grâce à l’indemnité perçue par les assurances. Un dernier crédit de plus de 2,3 millions de francs vient d’être validé par le Conseil municipal. Souvenez-vous! Le 24 novembre 2002, la villa Belle Bryn, sise à la route de Malagnou, est l’objet d’un violent braquage. Après avoir défoncé la porte d’entrée en bois avec un bélier, les voleurs repartent avec 174 pièces historiques, notamment des montres et autres boîtes à oiseaux chanteurs et miniatures. Valeur estimée du butin: plus de 10 millions de francs.
Œuvres conservées au MAH
Depuis, Genève est privée de musée dédié à l’horlogerie alors même que les trois quarts des œuvres dérobées ont été remplacées par des pièces similaires ou identiques. Mais en raison d’un manque de sécurité dans la bâtisse historique, celles-ci sont précieusement conservées au Musée d’art et d’histoire (MAH), loin des yeux du grand public.
Alors, pourquoi ce crédit de 2,3 millions de francs? «La somme votée par le Conseil municipal servira également à valoriser la collection, une fois celle-ci complétée», détaille Estelle Fallet, conservatrice en chef au MAH. Est-ce à dire que Genève est sur le point de rouvrir un musée consacré à l’horlogerie? «Les œuvres de la collection seront intégrées au sein du MAH rénové», répond Estelle Fallet. Traduisez: pas besoin de musée de l’horlogerie à Genève pour faire vivre la prestigieuse collection reconstituée. La conservatrice en chef s’efforce de répondre à la mission de visibilité dont est responsable le musée en associant régulièrement les collections à des projets, en Suisse et à l’étranger.
Pièces datant de 1630
Problème: seule une partie des prestigieuses pièces, datant de 1630 à nos jours, est exposée chaque année. Un constat qui avait d’ailleurs conduit six conseillers municipaux MCG en Ville de Genève à déposer en octobre 2018 une motion pour demander la réouverture du Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie. «Un foisonnement de chefs-d’œuvre horlogers d’une valeur inestimable croupissent actuellement à l’abri du regard du grand public», dénonçaient alors les élus. En attendant que la collection soit complétée et puisse être présentée au public genevois, le dossier géré par le Ministère public genevois après le cambriolage de 2002 reste ouvert. Une démarche en restitution d’œuvres volées est encore en cours.