Parc de la Pointe de la Jonction: ça traîne!

URBANISME • En septembre, le Conseil municipal a accepté un crédit de 5,5 millions de francs pour aménager un espace vert à la place des anciens dépôts des TPG. Les habitants s’impatientent.

  • Le projet de parc à la Pointe de la Jonction s’éternise. TR

    Le projet de parc à la Pointe de la Jonction s’éternise. TR

Il aura fallu attendre presque cinq ans. Et ce n’est pas terminé. Déposée en 2017, la proposition du Conseil administratif de la Ville de Genève d’ouvrir quatre crédits pour l’aménagement du parc de la pointe de la Jonction a finalement été acceptée par le Conseil municipal en septembre 2022.

Sur cette somme, 2,7 millions sont destinés aux études d’aménagement du parc; 1,4 million au concours et à l’étude de la construction d’une nouvelle base nautique; 400’000 francs pour la rénovation et la réaffectation du bâtiment historique du Canoë-Club et 1 million pour la réalisation de travaux anticipés du projet définitif. Mais pour l’heure, rien ne bouge.

Pour chacune de ces étapes, les autorités mettent en avant le caractère participatif du projet, en faisant mention à de multiples reprises d’une volonté de «co-conception et co-construction avec les habitants et les associations». Certains bruits de couloirs insistants laissent d’ailleurs entendre que cet aspect serait responsable de cette longue attente.

«Si cet élément de co-construction constitue une expérience très riche, il s’agit aussi d’une démarche qui prend forcément beaucoup de temps. Plus il y a de protagonistes, plus les décisions sont longues à prendre», justifie de son côté Frédérique Perler, à la tête du Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité.

Dénominateurs communs

Autre argument avancé: les différences de points de vue entre les associations, parfois difficiles à concilier. Cela a notamment été le cas pour la toiture du dépôt des TPG, que certains souhaitaient conserver en partie alors que d’autres n’en voulaient plus du tout. «Au travers d’ateliers, nous essayons de déterminer des dénominateurs communs. Il faut en outre que les compromis trouvés s’accordent avec la réalité et les contraintes du terrain», précise la magistrate écologiste.

Les associations concernées, elles, ne s’estiment en rien responsables de la lenteur des différentes étapes (mais la déplorent également). «Pour nous il y a urgence! Nous aussi, nous voulons que ça avance», s’exclame Isabelle Toumi, membre du comité de l’Association des habitants de la Jonction (AHJ) ainsi que du Forum Pointe de la Jonction.

Elle pointe un manque d’espaces verts. «Il y a toujours plus d’habitants et de personnes qui viennent profiter du lieu en été. Aujourd’hui, nous sommes face à une saturation. Et pourtant, aucun nouvel espace public n’a véritablement été créé dans le quartier.»

Les associations d’habitants reprochent également à la Ville de Genève son projet d’installation du Baroque, prévu au printemps. Plusieurs mobilisations ont déjà été organisées contre la venue de cette société jugée «mercantile» et déconnectée du quartier. «On a le sentiment que l’on chasse les gens modestes pour faire venir ceux qui ont de l’argent», dénonce Isabelle Toumi.

Sa solution? «Que les autorités fassent confiance aux associations pour tester ces lieux et qu’on mette un coup d’accélérateur. Quand les premiers arbres seront plantés, il faudra encore attendre dix ans pour en profiter», regrette l’habitante.