Scooters et motos amendés sur les trottoirs: «C’est un scandale!»

CONTROVERSE • Un durcissement des normes de stationnement dans l’espace public provoque la grogne des conducteurs de deux-roues motorisés. Les amendes pleuvent depuis le 1er novembre. De leur côté, les autorités calment le jeu. Explications.

  • Les deux-roues motorisés garés sur les trottoirs sont désormais systématiquement amendés. DR

    Les deux-roues motorisés garés sur les trottoirs sont désormais systématiquement amendés. DR

«Cette politique malveillante contre les scooters doit cesser»; «presque tous les jours une amende»; «les politiques ont décidé que ce serait la dictature du vélo électrique». Depuis le 1er novembre, la colère monte sur les trottoirs du canton où les deux-roues motorisés accumulent les bûches. En cause: la fin de la tolérance dont les conducteurs bénéficiaient pour se garer un peu partout. Un durcissement soutenu par le Canton et la Ville qui tous deux prônent un changement des comportements. «C’est simplement scandaleux», se désespère Samuel en retrouvant une amende sur sa petite cylindrée stationnée sur un large trottoir près de Plainpalais. Le chef d’entreprise ne comprend pas: «En me garant là, je ne dérange personne. Cette nouvelle règle a été imaginée pour nous pomper du fric, nous qui travaillons», accuse-t-il furibard. Une colère partagée par Salima – elle aussi amendée – qui dénonce une pénurie de places pour les deux-roues dans son quartier, aux Eaux-Vives. La trentenaire n’a compté que onze cases près de chez elle. «Comment voulez-vous trouver un emplacement autorisé? Hier, j’ai tourné presque quarante minutes», se désole-t-elle. Et d’ajouter: «Ils s’en mettent plein les poches sur notre dos puisqu’il n’y a aucune alternative. Il faudrait qu’on puisse à nouveau se garer sur les trottoirs lorsqu’on ne gêne pas le passage.»

Réduire les tensions

«Les trottoirs sont pour la plupart dégagés», nuance de son côté Emmanuelle Merle, responsable de la communication pour la Fondation des parkings. Si elle reconnaît une hausse «considérable» d’amendes immédiatement après le 1er novembre, ce ne serait plus le cas aujourd’hui. «Le nombre de verbalisations a tendance à diminuer», explique-t-elle sans toutefois donner de chiffres, ceux-ci n’étant pas disponibles. Elle ajoute que d’importantes campagnes de sensibilisation ont eu lieu au printemps et à l’automne pour ne pas prendre les conducteurs au dépourvu. Avant de constater: «Les usagers ont d’ores et déjà changé leurs habitudes. Parfois, ils doivent tourner un peu plus ou s’écarter du lieu de stationnement désiré pour trouver une place. Certains vont jusqu’à déposer leur scooter plus loin et jonglent ensuite avec les transports publics pour un ou deux arrêts», observe la porte-parole. Elle qui plaide également pour davantage d’informations. «Trop d’usagers ignorent l’existence de nombreuses places dans les parkings en ouvrage, qui offrent une possibilité supplémentaire de stationnement à des tarifs avantageux.» Pas sûr du tout que cela suffise à apaiser la grogne de ceux qui croulent sous les contraventions. Bonne nouvelle, l’hiver qui arrive devrait réduire les tensions pour trouver des places de stationnement autorisées. Au moins, jusqu’au printemps prochain...

 

«L'espace public n'est pas gratuit»

«Les usagers doivent apprendre à changer leurs habitudes. C’est fini de se garer devant la porte de chez soi ou de son lieu de travail», rappelle Roland Godel, porte-parole du Département des infrastructures. Cela implique parfois de marcher un peu, comme le font par exemple les automobilistes et les usagers des transports en commun. «Malheureusement, depuis des années, les motards, en particulier les scootéristes, ont pris leurs aises», déplore-t-il. Un constat qu’il faisait déjà dans notre édition du 30 septembre dernier. Et d’ajouter: «Rien ne permet de justifier une quelconque tolérance à l’égard de ces comportements contraires à la loi. L’espace public n’est pas gratuit ni extensible.»