«Après des années d’efforts, tout s’est écroulé»

Les boîtes de nuit ont été les premières à devoir fermer au début de la pandémie. Jean-Marc Humberset, patron du Moulin Rouge et du Point Bar Club, en est convaincu, elles seront les dernières à rouvrir. D’ici-là, il patiente.

  • Jean-Marc Humberset a repris le mythique Moulin Rouge en 2014. STéPHANE CHOLLET

    Jean-Marc Humberset a repris le mythique Moulin Rouge en 2014. STÉPHANE CHOLLET

Après être passé à deux doigts de la faillite en 2018, le Moulin Rouge avait repris des couleurs au fil des mois, trouvant une clientèle fidèle et festive. Mais la pandémie est depuis passée par là, réduisant à néant les efforts de son patron, Jean-Marc Humberset. Celui qui dirige aussi le Point Bar Club estime qu’il faut un rapide retour à la liberté.

GHI: Vous dirigez deux boîtes de nuit, le Moulin Rouge et le Point Bar Club. Arrivez-vous à garder le moral avec cette pandémie?
Jean-Marc Humberset:
Ce que je peux vous dire, c’est que ça fait mal de voir s’écrouler du jour au lendemain ce que l’on a mis plusieurs années à construire. Je ressens aussi beaucoup de craintes pour la jeune génération. Vous savez, j’ai sept enfants, donc je suis très inquiet quant à leur avenir. C’est un cadeau empoisonné qu’on leur fait avec tout cet argent dépensé. Ils le paieront forcément un jour ou l’autre. Je trouve cela terrible pour ces mômes qui n’ont rien demandé.

– Le Moulin Rouge et le Point Bar Club surmonteront-ils cette crise?
Je ne sais pas. Ce qui est certain, c’est que nous étions déjà à deux doigts de la faillite en 2018 avec le Moulin Rouge. Nous avons à ce moment-là serré les dents et petit à petit remonté la pente. Un an plus tard, nous avions à nouveau une santé financière convenable, c’était compter sans la pandémie qui a réduit tous ces efforts à néant. Avec les mesures sanitaires, on prive aussi la jeunesse de moments magnifiques, de faire la fête notamment.

– Mais cela ne vous empêche pas de tenir le cap et de vous battre…
C’est évident! Je peux aussi compter sur Laurent Terlinchamp, le président de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève (SCRHG). Il se démène depuis le début de la pandémie pour trouver des solutions et venir en aide à l’ensemble du secteur. Il se bat pour nous maintenir la tête hors de l’eau. C’est un combat compliqué d’autant qu’en face de lui, il a des politiciens qui essaient, pour la plupart, de faire au mieux. Je n’aimerais pas avoir leur rôle en ce moment, cela doit être très compliqué à gérer au quotidien. D’autant plus que tout le monde leur tombe dessus.

– Financièrement parlant, avez-vous été suffisamment soutenu?
Nous avons reçu quelques aides pour la période s’étalant d’août à décembre 2020. Mais je ne me fais pas trop d’illusions, on nous a bien fait comprendre que nous avions été les premiers à fermer et que nous serons les derniers à rouvrir. Et surtout que nous ne comptons pas vraiment. Mais derrière des boîtes de nuit, il y a des humains et des familles, on ferait bien de garder cela à l’esprit.

– Cette humanité, on l’a perdue?
Oui, en misant sur la performance notamment. Avec cette crise je me rends compte que l’essentiel, c’est d’être bien entouré, la famille et les amis sont ce que nous avons de plus précieux. Notre liberté est aussi fondamentale. Après tous ces mois compliqués, il serait bien de laisser vivre les gens. En ce qui concerne mes deux établissements, je me dis que tant que nous ne sommes pas morts, nous sommes vivants. Mes employés, ma deuxième famille, m’aident aussi à tenir. Je me bats aussi pour eux.