«La deuxième fermeture nous a plombés»

SPORT • Sport Quest ressemble à un fitness, mais n’en est pas vraiment un. C’est un espace d’entraînement. Son cofondateur, Sébastien Grossini, se livre sur l’épreuve la plus compliquée qu’il ait eue à affronter, celle de la pandémie.

  • Sébastien Grossini, cofondateur de Sport Quest: «On n’espère plus rien.» DR

    Sébastien Grossini, cofondateur de Sport Quest: «On n’espère plus rien.» ©DR

Fondé il y a cinq ans, Sport Quest est né de la passion de quatre professionnels du sport. Leur mission? Redonner ses lettres de noblesse à l’entraînement en misant sur l’accompagnement et le partage. Mais depuis le printemps dernier, son cofondateur, Sébastien Grossini, doit faire face à une situation financière qui empire mois après mois. Quitte à mettre en péril son rêve d’entrepreneur.

GHI: L’entraînement sportif se pratique beaucoup en plein air ou en petits groupes. L’impact de la pandémie sur votre business est-il moindre? Sébastien Grossini: Malheureusement pas, nous sommes touchés de plein fouet. En mars dernier, nous avons dû nous réinventer. J’ai pu m’appuyer sur les connaissances digitales de l’un de mes apprentis pour proposer à nos clients des cours en ligne. C’était très important de maintenir ce lien, même virtuellement. Nous n’avions surtout pas le choix à l’époque. Il fallait se réinventer ou dire adieu à notre entreprise. Ce qui aurait été dommage car après cinq ans d’existence, nous avions trouvé notre public et nous sortions la tête de l’eau financièrement parlant. Bref, ces cours gratuits ont eu beaucoup de succès. Ensuite l’été est arrivé et fin septembre, nous étions convaincus que le pire était derrière nous. Le prêt Covid que nous avons contracté nous a permis de payer nos charges, la confiance était de retour.

– Et là, plus l’automne avance, plus le nombre de personnes contaminées augmente…
Lorsqu’il a fallu refermer en novembre, ce fut le dépit total. Franchement, cela nous a plombés. D’autant plus que les semaines qui ont suivi, nous avons eu l’impression d’avoir été oubliés par les autorités. On entendait beaucoup parler des restaurateurs, mais pas du monde du sport alors que cela représente beaucoup d’entreprises, d’emplois et de rentrées fiscales pour la Suisse et Genève. Ce qui est le plus frustrant, c’est de constater que le système d’aides ne fonctionne pas.

– Vous pouvez nous en dire plus sur ces dysfonctionnements?
Oh, c’est très simple, nous n’avons toujours pas reçu les RHT (indemnités de réduction de l’horaire de travail) des mois de novembre et décembre. Heureusement, en ce qui concerne le loyer, nous avons un propriétaire qui est très conciliant. Ce dernier a compris que, sans arrangement, on ne pourrait tout simplement pas continuer. Reste que nous n’arriverons bientôt plus à payer les charges patronales et cela relève du pénal.

– Il y a l’aspect financier, mais aussi celui humain?
Bien entendu, humainement c’est très compliqué. Il nous est impossible d’avoir la moindre vision d’avenir. L’instabilité est notre lot quotidien. En d’autres termes, c’est déprimant.

– Vous espérez encore une reprise de vos activités ce printemps?
Très sincèrement, je n’espère plus rien. Je ne me l’autorise plus. Mais je vous rassure, nous allons essayer de continuer. Nous prenons du temps pour repenser notre modèle économique car je ne crois pas que cette pandémie va disparaître ces prochains mois. Nous devons donc préparer la suite afin d’être au bon endroit au bon moment. Je ne sais pas sous quelle forme, mais on y travaille…