Temps perdu

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Sans crier gare, l’idée d’un musée consacré au patrimoine horloger genevois a refait surface en Ville de Genève. En cause: la reconstitution quasiment achevée de la prestigieuse collection de feu le Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie, cambriolé en 2002 et donc fermé depuis presque vingt ans (lire ci-contre). De quoi relancer la question brûlante du choix d’un site en mesure d’accueillir des chefs-d’œuvre inestimables qui vont, pour faire court, du XVIIe à nos jours.

Autrement dit, un écrin capable de satisfaire à la fois les attentes des autorités et du public. Mais aussi celles, plus contrastées et intéressées, des professionnels du secteur et de fondations et mécènes qui ne se bousculeront pas au portillon si le projet n’est pas à la hauteur. Après tout, on parle ici d’une partie très importante et florissante de l’histoire et de l’actualité économique et industrielle du canton.

Pour l’heure, l’avenir public de ces chefs-d’œuvre horlogers doit s’écrire au nouveau Musée d’art et d’histoire. Autrement dit, il faudra attendre encore quelques années avant d’exposer ce patrimoine. Un luxe que Genève, berceau historique de la maîtrise du temps, ne peut plus continuer à se payer. Aux élus, défenseurs du patrimoine et différents acteurs de rectifier le tir de toute urgence. Concrètement, de s’entendre au plus vite pour trouver ensemble un bâtiment dédié au rayonnement et à l’excellence horlogère du canton.

Personne ne dit que c’est facile, mais Genève ne manque pas de lieux suffisamment sécurisés pour accueillir, même provisoirement, un musée de l’horlogerie.

L’important ici étant avant tout, comble de l’ironie, que Genève capitale mondiale de la haute horlogerie montre son savoir-faire et rattrape enfin le temps scandaleusement perdu.