Des engagements suspects font trembler la Ville de Genève

RECRUTEMENT • Fausse boîte aux lettres, engagement en dehors du périmètre géographique, compétences en doute et engagements de copains parisiens: le Département de Frédérique Perler est dans la tourmente. De quoi contraindre la magistrate à prendre des mesures et suspendre une codirectrice du Département. Explications.

  • Le Département de Frédérique Perler fera finalement l’objet de mesures. S. CHOLLET

L’information a fait l’effet d’une bombe au bout du lac. Déjà épinglé pour sa gestion de certains dossiers, le Département de l’aménagement, de la construction et de la mobilité (DACM), dirigé par la Verte Frédérique Perler, est sous le feu des projecteurs depuis la révélation de soupçons de copinages lors de plusieurs engagements à des postes importants. Au centre de cette affaire qui défraie la chronique, on retrouve la codirectrice du Département, mais aussi un couple de parisiens, qui aurait justement des liens familiaux avec la responsable, selon Léman bleu. Problème: ces liens auraient été cachés au moment de l’embauche. C’est en tout cas ce qu’affirme Frédérique Perler. Ce qui n’a pas empêché la codirectrice d’obtenir une dérogation pour pouvoir s’établir à Yverdon, bien au-delà de la zone tolérée.
Fausses adresses
Mais ce n’est pas tout. Pour décrocher les jobs en question, les trois fonctionnaires auraient menti sur leur véritable adresse en indiquant être domiciliés dans une ferme à Genolier, dans le canton de Vaud. Une ferme qui appartient justement …au beau-père de  la codirectrice. Une manière de contourner le règlement municipal qui délimite une zone limite pour les engagements à Genève.
Depuis, de nouvelles accusations ont été portées contre la fonctionnaire, via une lettre anonyme signée par «des collaborateurs en souffrance». Ces derniers reprochent à leur responsable d’être «tyrannique» et de faire régner «un climat de terreur, de peur et de mobbing». Les signataires l’accusent également de ne pas connaître suffisamment Genève: «Elle continue à ne pas connaître la Ville et à n’y développer aucun réseau. Elle confond les rues et les différents quartiers. Elle télétravaille plusieurs jours par semaine depuis Yverdon et arrive systématiquement en retard à toutes les séances lorsqu’elle est sur place», relèvent encore les employés.  
Séance extraordinaire
De son côté, la magistrate Frédérique Perler, a, dans un premier temps, refusé de reconnaître tout manquement. Mais face à une polémique qui continue de prendre de l’ampleur, le Conseil administratif (CA) a finalement pris plusieurs décisions ce mardi 9 avril à midi, après une séance extraordinaire la veille. Parmi ces mesures, le Conseil prononce la suspension de la codirectrice concernée du DACM, et ce jusqu’à nouvel avis. Pour ce qui est des engagements controversés, le CA décide de mettre fin à la collaboration avec les personnes concernées, tout en respectant les obligations et la responsabilité de la Ville en matière de gestion du personnel.
Finaliser les vérifications
Par ailleurs, les autorités municipales annoncent charger le directeur du service du Contrôle financier (CFI) de finaliser les vérifications en cours concernant les situations en question, «l’hypothèse d’investigations plus poussées restant réservée». Elles chargent également le service du Contrôle financier d’examiner les processus récents et en cours de recrutement à la tête des services du DACM, afin de vérifier leur régularité et leur pertinence. «Le Conseil s'engage à faire toute la lumière sur la situation et sur toute procédure qui pourrait être entachée d'irrégularités. Il rappelle avoir saisi le CFI dès que les premiers éléments litigieux concernant ces recrutements ont été portés à sa connaissance.»