«Il n’y a aucune base légale qui exige un tel niveau de formation pour les secouristes»
Laurent Seydoux, vice-président de l’Association genevoise d’athlétisme
«Avec de telles exigences, c’est la survie même de nos événements qui est en jeu!» En tant que responsable de la sécurité et vice-président de la Meyrin Run, André Sotomayor est dépité. En cause: ses échanges avec le service du médecin cantonal. Ce dernier exige désormais que les secouristes encadrant les manifestations sportives disposent du niveau 3 de formation au secourisme (ndlr: les niveaux IAS2 et IAS3 sont déterminés par l’Interassociation de sauvetage).
«Jusqu’à maintenant, le niveau 2 suffisait. En tant qu’organisateur, je vois qu’une nouvelle fois, l’Etat fixe des règlements d’applications qui me semblent superflus et qui ne vont pas dans le sens des associations, organisateurs de manifestations ou autres événements publics dans notre canton», s’agace André Sotomayor.
L’agacement et l’incompréhension sont aussi de mise chez les prestataires de services. Kevin Jeanneret, président de l’association Swiss Medical Emergency, ne cache pas les difficultés engendrées par ces nouvelles directives: «Nous n’avons pas de secouristes de niveau 3 pour répondre à cette exigence. Résultat, je suis obligé de faire appel à des professionnels de la santé qui n’ont pas forcément l’énergie et le temps pour participer à l’encadrement de ces manifestations en plus de leur activité professionnelle.»
40 heures de formation
Quant aux secouristes de niveau 2, ils se retrouvent sur le carreau . «Il y a beaucoup d’heures d’écart entre les deux niveaux, explique Kevin Jeanneret. Passer le niveau IAS3, cela demande 40 heures de formation et c’est un coût important.»
Des charges qui se répercutent sur les finances de l’organisateur. Car, si un secouriste de niveau 2 est payé 20 à 22 francs de l’heure, un niveau 3 est, lui, rémunéré 10 francs de plus en moyenne. Un impact financier ressenti durement par les organisateurs. Comme ont déjà pu le constater ceux de la Course de côte de Verbois et du concours hippique de Satigny.
De son côté, le président de la course de l’Escalade, Jerry Maspoli, a fait le calcul: «Cette année, on dépasse les 40’000 francs de budget pour l’encadrement sanitaire, hors mesures Covid. A titre de comparaison, il y a huit ans, on fonctionnait principalement avec des bénévoles et cela nous coûtait environ 5000 francs.» Un surcoût d’autant plus difficile à absorber que le nombre de coureurs a dû être divisé par deux en raison du Covid. «On espérait logiquement réduire les coûts. Or, le seul budget qui augmente, c’est celui du sanitaire à cause de cette directive.»
Un désir ou une obligation?
Pourquoi avoir ainsi revu à la hausse les exigences en matière de formation des secouristes? Le conseiller d’Etat chargé de la Sécurité et de la Santé, Mauro Poggia, comme le service du médecin cantonal, dit s’appuyer sur une décision de l’IAS (lire encadré). «C’est un «désir» pas une obligation. Les Cantons sont libres de faire comme ils veulent», clament aussi bien Kevin Jeanneret qu’André Sotomayor.
Laurent Seydoux, vice-président de l’Association genevoise d’athlétisme, renchérit: «Il apparaît qu’il n’y a aucune base légale qui l’exige. Il s’agit maintenant de clarifier la situation pour éviter de régler les choses au cas par cas à quelques semaines d’un événement.» Et de proposer que la faîtière joue les intermédiaires.